Il était tôt, et pourtant Madeline avait les yeux grands ouverts depuis un petit moment déjà. Les nuits étaient courtes depuis qu’elle avait remis les pieds à la Nouvelle-Orléans. Le climat, aurait dit sa mère… Le décalage horaire, aurait pensé son cher papa… Solange quand à elle aurait levé les yeux au ciel, laissant alors Mads deviner ce qui lui traversait l’esprit puisqu’elle avait un avis bien tranché au sujet de ce nouveau départ -pas si neuf que ça ! Le retour avait été compliqué et la reprise du travail s’était avérée éprouvante. La brunette avait eu droit à une dispute bien corsée pour son premier jour, retrouvant alors Valentino et sa place d’équipière. enfin « retrouver » était un bien grand mot. Six années s’étaient écoulées et Madeline avait perdu bien plus qu’elle ne pensait. Il n’était plus celui qu’elle avait connu, devenant froid et distant. Ces derniers jours, ils ne s’étaient que très peu parlé, toujours avec agressivité et retrait. En fait, il n’avait pas dû l’aider à se sentir mieux.

Elle ne parvenait à rien avaler, ayant l’estomac noué. Ça n’était pas du stresse, ni des maux communs à un quelconque petit virus traînant en ville. Non, il s’agissait plutôt d’une sorte de trouble, une angoisse naissante qui la clouait sur place dès sa sortie du lit. Chaque matin. Alors, une fois de plus, elle avait versé son café dans un thermos et s’était rendue à la station avec le ventre vide. Elle semblait fatiguée, alors qu’elle faisait ses heures de sommeil. En réalité, il ne lui manquait qu’un franc sourire pour contrer ces impressions négatives. Avec une bonne humeur apparente, personne n’aurait pensé qu’elle n’était pas à son aise ici. Les propos de Valentino, assez violents pour le coup, l’avaient tout de même remué. Il n’y était pas allé de main morte avec elle, l’amenant à se dire sur le coup qu’elle arrangerait tout le monde si elle repartait bien loin, du côté de Seattle par exemple. En soufflant un bon coup, après quelques larmes nerveuses dans un bain moussant, elle s’était ravisée. Si elle était revenue ici, c’était par besoin. C’était presque viscéral. Il était nécessaire pour elle d’évoluer dans cette brigade, avec ces personnes qui avaient contribué au flic qu’elle était devenue ; plus encore, à la femme qu’elle était aujourd’hui. Elle pensait à James notamment. Puis ses collègues… Alors certes, elle avait fait du mal autour d’elle, causant de sacrés dégâts relationnels et émotionnels… Et elle ne s’attendait pas à ce qu’on efface cette ardoise d’un revers de la main, comptant bien payer tout ça au juste prix. Malheureusement, la note était très salée et elle en souffrait plus qu’elle ne l’avait imaginé.

Ce matin, une session d’entraînement avait été programmée pour une partie de l’équipe, sur une majorité de volontariat. Il s’agissait bien de garder la forme sur le terrain, mais chacun s’organisait comme bon lui semblait. Sean avait proposé à Madeline de voir si elle était toujours d’attaque, prétendant que les tests d’admissions étaient toujours plus faciles que la réalité du terrain. Évidemment, le prenant comme un défi, la brunette avait accepté de le retrouver à la salle. Elle se devait de prouver qu’elle était toujours cette Madeline adepte de la boxe thaï et têtue comme un pitbull ! Elle arriva donc en tenue de sport, prête à se bander les mains pour monter sur un tapis et casser la tête au premier venu. Par contre, on ne lui avait pas dit que James serait dans les parages, frappant dans un sac un peu plus loin. Elle le salua, un peu surprise. « Ellis… C’est bien de te voir ici ! » Elle haussa les épaules et esquissa un sourire. Heureusement qu’elle avait usé et abusé de crème médicale pour ses douleurs aux côtes, histoire de ne pas se griller auprès de son boss. « Tu viens t’entraîner avec Val’ ? » Elle fronça les sourcils et désigna Sean d’un signe de tête. « En fait j’allais… » James lui coupa la parole. « Je te l’ai dit Madeline, Valentino reste ton coéquipier. C’est avec lui que tu… » Il se stoppa net en apercevant le concerné à l’autre bout de la salle, son sac de sport sur l’épaule. « DiBello, ramène-toi ! » Il se tourna vers Maddy, un air grave sur le visage. « Ça suffit tous les deux, merde ! » Lorsque Valentino fut à bonne distance, le boss reprit pour les deux coéquipiers. « Sur le ring, dépêchez-vous. Vous y passerez le temps qu’il faudra, mais tant que l’un des deux ne déclarera pas forfait, vous ne partirez pas ! » Elle se crispa légèrement, pas vraiment réjouit par cette annonce. Une nouvelle galère s’imposait à elle… Sean arqua un sourcil en tentant de sonder son ami d’un regard, et taquina alors la jeune femme. « Prête ? Attention à ne pas te prendre ta racler ! » Madeline ne se dégonfla pas pour autant, et passant devant un sac de frappe, elle donna un coup de pied dedans. « Moi ? Toujours prête ! »

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∞ Ces derniers jours n'avaient pas été très amusants pour Valentino. Depuis l'altercation qu'il avait eu avec Madeline, il y avait eu de nombreuses choses qui s'étaient passées. Déjà, le lendemain, il s'était fait réprimander par James pour avoir saccagé ce qui était la salle de travail de tous, bien qu'utilisée quasiment exclusivement pour lui. Et puis, il avait été contraint de continuer de travailler avec la jeune femme. C'était sa partenaire à lui et à personne d'autre qu'avait dit James. D'un côté, ça avait fait doucement rire Valentino qu'elle n'ait pas ce qu'elle voulait. Bien fait pour elle, ça aurait été tellement injuste qu'elle ait encore des avantages, comme le droit qu'elle avait déjà eu de revenir, après être partie comme une lâche. Mais d'un autre côté, ça l'emmerdait plus qu'autre chose que de ne devoir travailler avec elle, surtout quand elle agissait telle une enfant spoliée. Alors, il gardait le silence le plus possible, même lorsqu'il s'agissait de travailler uniquement avec elle. L'ambiance était lourde, d'autant que pour leur première journée, il s'était promis d'agir professionnellement avec elle, et de lui parler normalement dès qu'il s'agissait de boulot. Mais ils en étaient rendus à agir et se parler -du moins, quand ils acceptaient communément d'émettre un son - comme des enfants, en pleine cours de récréation, en maternelle. C'était ce qu'ils étaient désormais. Alors oui, c'était des conditions de travail pas particulièrement agréable pour Valentino qui pour la première fois de sa vie, rechignait totalement à l'idée d'aller travailler, avec même l'envie de partir, de changer de brigade. Mais il ne se laisserait pas aller. Il ne laisserait pas Madeline gagner. C'était lui le premier à être arrivé. Lui qui était resté pendant toutes ses années. Elle ne le ferait pas dégager comme ça. Mais puisqu'elle était partie une première fois, rien ne disait que ça ne se reproduirait pas.

C'était en trainant un peu la pâte qu'il s'était préparé. Il avait pris une douche. C'était idiot en sachant qu'il s'entraînait ce matin. Mais c'était son mode opératoire pour chaque entraînement. Deux douches en moins de cinq heures, c'était le minimum syndical pendant ces jours-là. Et puis il s'était habillé. Avec son style, on aurait plus cru un coach sportif qu'un flic. Son débardeur noir sous sa veste de sport rouge, à lacets blanc, son pantalon baggy gris, qui paraissait bien trop grand, puisque le fond tombait quasiment vingt-cinq centimètre plus bas que l'endroit où se trouvait ses fesses, ses affreuses chaussures qui ressemblaient à celles que mettaient les jeunes à l'époque "techtonick"... Bref, la honte. Il avait pris son sac de sport en main, et l'avait jeté sur son dos, rendant son bras totalement inutilisable. Dans le style, on ne faisait pas mieux. Comme ça, Valentino pouvait sans la moindre difficulté s'infiltrer dans des quartiers où les jeunes faisaient des conneries, et où le sport était leur seul moyen de s'exprimer. Manquait plus qu'une cicatrice sur sa gueule d'ange, et ça aurait été parfait ! Tout le monde y aurait cru.


Il avait décidé ne pas prendre sa voiture, mais de partir à pieds pour commencer à s'échauffer et s'était rendu au boulot. Enfin, là, c'était au gymnase. L'avantage, c'était que Madeline ne risquait pas d'y être, elle ne devait pas savoir que depuis quatre ans, la brigade avait investi dans un gymnase pour permettre de s'entraîner à moindre coût au final, donc rentabiliser les abonnements. Au moins, il était tranquille le petit comme ça. Il avait mis ses écouteurs, pour se motiver, et était finalement arrivé. Il avait toujours cet air de racaille trop détachée de la réalité. D'ailleurs, en arrivant, il avait entendu la voix de James l'interpeller. Il avait vite fait retiré les écouteurs, et tourné la tête... découvrant juste en face de son boss, la seule personne qu'il n'aurait pas voulu voir de la journée -enfin, la longue matinée  - pour laquelle il avait dit passer s'entraîner.. Madeline. Il avait fait mine d'ignorer qu'elle était là, et s'était ramené face à James. Un problème patron ? Tout ce qu'il espérait, en demandant ça, c'était qu'il ait besoin de remonter à la brigade pour faire du travail limite de secrétariat. Aux chiottes l'entraînement. Mais en fait non.. Ça suffit tous les deux, merde ! Sur le ring, dépêchez-vous. Vous y passerez le temps qu’il faudra, mais tant que l’un des deux ne déclarera pas forfait, vous ne partirez pas ! Valentino haussa les épaules, et tourna les talons, pour aller poser son sac et le reste de ses affaires sur un banc, puisqu'on ne lui laissait même pas ni le loisir d'aller mettre ses affaires aux vestiaires, ni celui de s'échauffer. Il retira sa veste, et fit demi-tour. C'était le boss qui l'avait demandé, il allait s'échauffer, pas de souci.. Tant pis pour le minois de la "fille phare" de la brigade. Enfin, phare, elle n'était pas forcément la plus brillante, mais la seule qui était au sein de l'équipe même de la criminelle. Les autres étaient plus là en consultation, ce n'était pas comme si la Crim' intéressait beaucoup. Valentino s'était mis sur le ring, devant Madeline. Et il eut un petit sourire mauvais. T'en fais pas, y a l'infirmerie qui n'est pas loin, si tu te casses un ongle.
La chercher et l'énerver ? C'était tout le but de la manoeuvre. Pour la forcer à n'être guidée que par la colère, et pouvoir prendre le dessus sans forcément lui donner de coup sur le visage.. ce serait tellement dommage d'abimer un si joli visage..Eeeuuuuh... disons plutôt qu'il en entendrait parler.∞

Madeline avait pris la direction de ce fameux ring, en prenant soin de resserrer sa queue de cheval. Il aurait été dommage qu’une mèche de cheveux vienne entraver son champs de vision, la gênant dans ses attaques ! Parce qu’elle comptait bien montrer de quoi elle était capable, jusqu’à peut-être en profiter pour se défouler un peu à l’aide de quelques coups bien placés. Les échanges avec Valentino étaient si tendus depuis leur altercation de « bienvenue » qu’elle avait du mal à ne pas s’imaginer lui asséner une bonne droite, en guise de petite vengeance personnelle. Si elle en venait à penser à de telles choses, elle se doutait bien que Valentino devait déjà se motiver pour la mettre KO. La voir au sol serait probablement une satisfaction énorme pour lui, qui ne cessait de la tacler verbalement et de lui balancer des méchancetés au visage. C’était d’ailleurs quelque chose qui énervait Madeline sur le coup, puis qui la peinait terriblement lorsqu’elle y repensait le soir, toute seule dans son canapé en mangeant un plat réchauffé au micro-onde… Les journées étaient tellement éprouvantes que la routine presque étudiante était revenue s’installer chez elle. Plus de cuisine, plus de produits vraiment sains… Des plats rapides, avalés en deux temps trois mouvements devant une émission télé pourrie ! Il n’y avait que lorsqu’Ahana l’invitait à dîner qu’elle faisait des efforts et ne déprimait pas… Au moins, elle n’y pensait pas et elle ne lui rappelait rien qui pouvait avoir un lien de près ou de loin avec Valentino. Tandis que prendre un simple verre avec Sean faisait tomber en cascade tout un tas de souvenirs, attisant les blessures de la brunette.

Aujourd’hui, une fois de plus depuis qu’elle était revenue, elle affichait une mine pleine d’assurance alors qu’intérieurement ça n’était pas la joie. Son corps la rappela à l’ordre d’ailleurs, lorsqu’elle se pencha en avant pour passer sous les élastiques qui délimitait le ring. Ses côtes lui faisaient encore mal, ayant de vilains bleus au niveau de la cage thoracique. Madeline serra alors les dents et dissimula son mal pour que rien ne paraisse lorsqu’elle se retourna pour faire face à Valentino. Voilà qu’il la provoquait, évoquant l’infirmerie et sa manucure. « Mais c’est qu’il est drôle ce matin ! On s’est déridé dans la nuit ? » Son sourire était faux, tout comme son regard se voulait mauvais ; alors Madeline se reprit comme si elle se corrigeait toute seule. « Ah non, autant pour moi ! » James lui lança un regard, sous-entendant qu’elle ferait mieux de monter sa garde plutôt que de le provoquer de la sorte. Et à ce même moment, Sean se rapprochait du ring avec un sourire amusé, venant vers elle. « Si en plus tu le titilles comme ça…! » Elle haussa les épaules et se mit en position, poings relevés vers son visage, prenant appuis sur ses deux jambes en sautillant très légèrement…

Plus elle regardait Val’, et puis elle sentait une sorte de colère grandir en elle… C’était indescriptible. Elle n’avait pas de raisons apparentes de lui en vouloir, puisque finalement elle avait mérité tout ce qu’il lui faisait subir. Si les rôles avaient été inversés, elle se serait rendue si malade de son départ qu’elle n’aurait pas aussi bien fini que lui. Jamais on ne l’aurait retrouvé à son poste six ans plus tard. Jamais elle n’aurait eu autant de rage envers lui, bien trop épuisée d’avoir pleuré son absence… Mais lui, il se tenait là, face à elle… Et bon sang ce qu’il semblait la détester ! C’en était presque surprenant tant c’était fort. Maddy le fixait, sans un mot, faisant quelques pas à gauche, puis à droite. Tout ce qu’elle cherchait en faisant ça c’était percevoir une faille en le faisant bouger. Mais c’était peine perdue tant il s’était refermé sur lui-même. Il ne laissait rien passé, même physiquement. Il fallait qu’il vienne à elle, qu’il se décharge de sa colère… Même si pour cela il devait lui taper dessus sur un ring ! Elle comptait bien en faire de même !

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∞ En se levant, Valentino n'aurait jamais imaginé que les choses ne tournent ainsi, ce matin en se réveiller. Tout semblait pourtant si bien se dérouler que rien n'aurait pu laisser croire ça. Et désormais, devant cette situation où il ne pouvait rien changer, il commençait à réfléchir comme un enfant pour trouver un argument valable pour faire en sorte que le lieutenant Ellis n'évacue bien assez vite les lieux. C'était sa journée. La sienne à LUI. Et ça ne comprenait pas se retrouver là, avec Madeline. Non mais sérieux, c'était une vraie blague de la voir là, on aurait cru un cauchemar. Elle venait de briser le peu de motivation et d'espoir qu'il avait dans ses heures d'entraînement.. qui n'étaient pas toujours obligatoires, mais qui offraient malgré tout une partie de la journée sans travail. Sauf que c'était comme être au boulot stressant, puisqu'elle était là. Et le pire dans tout ça, c'était que par SA faute, il n'avait même pas eu l'occasion d'arriver, tranquillement, de se mettre en conditions, parce qu'à peine arrivé, le boss lui était quasiment tombé dessus pour qu'il boxe avec sa coéquipière. Géniaaaal...

Après avoir mis son protège dent, et en ayant passablement oublié de mettre ses coquilles avant de venir. Mais ça, elle ne pouvait pas le savoir, et ça faisait partie des coups interdits. Enfin, en espérant que ça ne finisse pas en bagarre généralisée en somme.
Il avait fait une remarque pas forcément agréable à Madeline, dont le but était de la déstabiliser. Et alors qu'elle avait répondu, une chose qui n'avait même pas eu raison de faire réagir le flic. Cela dit, c'était avec une sacré pointe de satisfaction qu'il avait vu qu'à sa réflexion à elle, James avait presque grincé des dents. Et ça avait remis la demoiselle à sa place, puisqu'elle avait remonté la garde. Et pendant tout le temps où elle l'avait baissée, il n'avait pas un seul instant imaginé lui donner un coup. Voilà qui allait être une séance d'assaut assez compliquée. Parce que malgré toute la colère qu'il avait envers elle, taper une femme, même lorsqu'il s'agissait d'une criminelle, c'était assez compliqué pour lui. Sauf peut-être si elle lui assenait le premier coup, où qu'elle faisait du mal à un des collègues présents avec lui. Et encore, là, c'était pire. Madeline était toute menue. Et puis, au fond, il s'en voudrait de lui faire mal. Valentino avait sa garde montée, et se déplaçait d'un pied sur l'autre, en essayant d'être le plus mobile possible.. ça rendait la tâche plus compliquée pour son adversaire. Et quelle adversaire.

Ils étaient tous les deux l'un face à l'autre, et semblaient attendre la même chose : que l'autre n'assène le premier coup. Sauf qu'à attendre comme ça, apparemment, ça faisait que d'autres s'impatientait. Je veux pas vous inquiéter. Mais on n'a pas toute la journée, et vous ne partirez pas tant qu'un des deux ne s'est pas rendu. Il voulait quoi ? Qu'ils baissent les armes ? Parce que ce n'était pas à Valentino que ça arriverait. Et vu son regard, pas sûr non plus que ce ne soit le cas de Madeline. Alors, ce fut Valentino qui donna le premier coup, faisant sonner le début de l'assaut. Il lança un coup de pied fouetté, porté de la jambe arrière en ligne haute, tout en fléchissant sa jambe, afin de donner le plus d'équilibre et de puissance. Puis, une fois repositionné sur ses deux jambes, il se baissa légèrement pour protéger sa tête, et lança un crochet du droit puis du gauche, avant de reculer légèrement, sa garde bien placée pour essayer d'éviter les coups. Il aurait préféré ne pas faire ça, et d'écouler sa colère contre un punchin' ball, mais on ne lui laissait pas vraiment le choix. Il appuya deux petites secondes sa mâchoire sur son avant bras, en chuchotant légèrement pour lui-même. merde. Ça allait être beaucoup plus dur, surtout maintenant, qu'il était le premier à lui avoir donné des coups. ∞

James s’impatientait… Tout le monde devait s’impatienter en fait, puisque Madeline sentait déjà quelques regards posés sur eux. Quoi ? Ils s’étaient tous donnés le mot ? Des rumeurs couraient déjà dans les couloirs de la brigades, ou bien faisaient-ils trop de bruit lorsqu’ils s’envoyaient chier mutuellement depuis qu’elle était revenue ? Mine de rien, Madeline craignait tout ça… Elle avait peur des commérages, et avait du mal à se dire que oui, les gens devaient parler dans son dos. Elle était la flic qui avait quitté son poste du jour au lendemain, qui avait lâché son partenaire et qui revenait six ans après, comme une fleur. Le pire dans tout ça, devaient-ils penser, c’est qu’on l’acceptait sans rien dire. Elle retrouvait son poste, comme il l’avait été six ans auparavant. Si sa vie privée n’avait pas pris tant de place dans le domaine professionnel, il n’aurait été question que d’une mutation. Or, la brigade savait pour Valentino. Tout le monde avait dû les voir l’un contre l’autre, ne serait-ce qu’une fois… Aujourd’hui, ils étaient l’un CONTRE l’autre. Sans blague, sans rire, sans taquinerie quelconque faites lors d’un entrainement. Val’ avait ce regard mauvais ; elle serrait les poings comme si sa vie en dépendait.

Perdant probablement lui aussi patience, Valentino s’engagea dans le combat. Il tenta de lui asséner le premier coup, qu’elle esquiva en se reculant. Mais c’était sans compter sur la rapidité du jeune policier. Il enchaînait, et elle essayait de tenir la cadence en les parant les attaques. Il fallait aussi répliquer, chose qu’elle faisait avec soin, en s’appliquant sur ses appuis et la force qu’elle y mettait. Oui, elle avait toujours été dans la catégorie poids plume. C’était un petit bout de femme qui semblait bien inoffensif, mais il n’en était rien ! Elle savait se défendre, elle savait se battre ! Il ne fallait pas se fier aux apparences, et Madeline tenait à raviver la mémoire de son ex. Elle aussi pouvait faire preuve de rage et de colère si elle le souhaitait. Ses petits poings cherchaient à s’écraser violemment contre Valentino, manquant très souvent leurs cibles ou se heurtant aux coups adverses. Mais elle luttait, jusqu’à le toucher d’un léger coup au visage. Il n’avait pas dû faire bien mal, seulement c’était la fierté qui en était à présent touchée. Cette infime avance lui fit perdre en concentration si bien qu’en rehaussant sa garde, elle ne fut pas assez rapide et ne vit pas la seconde vague arriver… Bam ! Revers de la médaille : la main de Valentino venait de s’écraser sur ses côtes. Si en temps normal le choc n’aurait pas fait trop de dégâts, ses précédents bleus la rappelèrent à l’ordre. Mads se plia en deux de douleur, grimaçant comme jamais tout en se reculant.

Sean la regardait, se demandant si Val’ avait développé une force surhumaine sans avoir prévenu quiconque dans la brigade, ou bien si la demoiselle avait un autre problème. Peut-être voulait-elle abandonner, vu la tête qu’elle faisait. Si tôt ? Jamais ! Madeline se redressa, serrant les dents et fusillant Valentino du regard. Voilà, il obtenait ce qu’il voulait depuis le début, non ? Il lui faisait mal ! « C’est tout ce que t’as dans le ventre ? » Elle le provoqua à nouveau, bien décidé à n’en faire qu’à sa tête. Sans doute qu’elle allait devoir plier devant lui. Probablement qu’elle allait perdre et rendre les armes. Mais elle s’en fichait, du moment qu’elle pouvait lui montrer ce qu’elle avait en elle ; tout ce qu’elle avait garder durant tout ce temps… D’un signe de la main, elle lui fit signe d’approcher. Elle espérait vraiment que sa provocation allait l’agacer et le faire agir, voulant lui balancer une bonne droite pour lui remettre les idées en place.

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∞ Il y était allé au premier coup un peu trop en douceur que Madeline avait réussi à esquiver sa frappe qui, en temps normal, était un peu son coup à lui, celui qu'il ne ratait jamais. Peut-être était-il devenu un peu trop prévisible, même après six ans? Quoi qu'il en était, ça l'avait fait se ressaisir, et donner des coups un peu plus violents, et dont il avait moins l'habitude, heurtant Madeline. Ça ne lui plaisait pas tant que ça de se battre contre elle. C'était peu dire de la mettre dans la catégorie des poids plumes. Elle était vraiment légère, et face à quelqu'un comme Valentino, les avantages équivalaient aux inconvénients. Si James ne l'avait pas poussé, il ne lui aurait jamais asséné le moindre coup. Par prétention ? Non, pas du tout. Il était plus du genre à protéger ses coéquipiers, même le plus emmerdeur de tous, que de leur donner des coups. D'ailleurs, quand il avait eu des coéquipiers masculins, il n'avait jamais vraiment fait de combat avec. Sauf qu'à l'époque, ça ne semblait pas déranger le boss plus que ça. Un vrai sadique, James, parfois.

Dans la lutte, Madeline lui avait donné un coût au visage qui avait fait que Valentino avait eu la tête envoyée en arrière. Et puis, elle continua de donner des coups de poings et de pieds qu'il essayait de parer au mieux, pour pouvoir mieux attaquer. La vérité était qu'il ne savait même pas ce qu'elle avait fait dans les mois et les années où elle était partie. Est-ce qu'elle avait continué de travailler dans la police ? Est-ce qu'elle était retournée chez son père et chez sa mère ? S'était-elle trouvée un homme, et d'ailleurs, est-ce que c'était la raison pour laquelle elle était partie ? Voilà une question non résolue. Et toutes les autres qui venaient en masse dans sa tête l'avaient déconcentré. Voilà que son adversaire lui avait enfilé un coup sur le ventre du bras avant, et sur l'épaule du bras arrière, le faisant reculer. Il avait baissé la garde pendant quelques secondes. Et finalement, une réponse à une des multiples, pour ne pas dire infinies, questions qui se bousculaient dans sa tête venaient de faire son apparition. Elle avait certainement du s'entraîner au combat d'une manière ou d'une autre pendant toutes ces années. Mais d'ailleurs... pourquoi diable est-ce que ça l'intéressait ?

Valentino avait repris sa garde, et s'était un petit peu reculé, pour reprendre une certaine contenance face à son assaillante. Elle le provoquait, et pour une fois, il s'en rendait bien compte. Non, ce n'était pas tout ce qu'il avait dans le ventre. Mais si elle voulait, il pouvait lui montrer comment il était face à un homme, face à un voyou. Seulement, le but n'était pas de la tuer. Juste de gagner ce combat, et ne plus en entendre parler. L'entendre fermer sa bouche, pouvoir savourer les minutes de silence, tout comme il savourait être dans la salle isolée et vide.. à laquelle d'ailleurs, il avait un accès restreint par sa faute à elle. Qu'est-ce que ça changeait qu'il avait détruit un rayon de bibliothèque ? Il s'agissait de vieux articles de journaux, d'au moins vingt ans. Et personne n'y venait jamais. Mais il avait chopé des intérêts généraux. Enfin, ce qui s'y assimilait pour un lieutenant de police. Rien qu'en y pensant, la colère s'était intensifiée. Et alors que Madeline s'approchait pour lui donner un coup de pied, il lui attrapa la jambe, la faisant passer tombée au sol.Maintenant, t'auras aussi des bleus au dos. façon de dire "Coucou James. Au fait, ta protégée, elle s'est pris une raclée l'autre fois. Oui, je sais, on n'a rien dit, mais maintenant, tu peux être mis au courant, c'est pas un souci. Au moins, je sais tenir debout, moi. Au sitôt dit, au sitôt tombé au sol. Madeline lui avait fait un croche patte, et il était tombé, juste nez à nez avec elle. Il s'était retenu grâce à ses coudes, pour ne pas se faire mal. Et au passage, lui évitant de se prendre son poids en plein sur le ventre. Et ce, Valentino ne pu s'empêcher de sourire. Sans méchanceté sans rien. Jusqu'à ce rendre compte de ce qu'il faisait. Il se reprit en s'en rendant compte, et endossa à nouveau le rôle du pauvre con. Il y a d'autres moyens de me faire être au dessus de toi. Suffisait de demander. ∞

Ce qu’il était difficile d’affronter ainsi Valentino. Même si sa fierté poussait la jeune femme à faire preuve de hargne et de colère, l’épreuve n’en était pas moins délicate. Elle se sentait mal de le voir ainsi, si énervé, si mauvais envers elle. Quelque part, c’était blessant de prendre conscience de tout ce qu’il avait contre elle, de manière si violente. James pensait sûrement que ça les aiderait à avancer, pour une meilleure entente et cohésion sur les futures enquêtes qui les attendaient… Mais Mads n’était pas convaincue. Au contraire, elle avait l’impression de jeter de l’huile sur le feu, d’alimenter la flamme de rancune qui le rongeait littéralement depuis toutes ces années. De son côté, elle souffrait aussi puisqu’elle réalisait l’étendu des dégâts qu’elle avait causé, ayant même l’impression d’avoir profondément changé l’homme dont elle était tombée amoureuse. Bien sûr, elle l’avait toujours connu impulsif et un peu tête brûlée… Il faisait partie de ceux qui n’avaient pas leur langue dans leur poche, qui partaient au quart de tour - parfois pour une broutille… Valentino avait le sang chaud, c’était ancré en lui. Alors ces regards froids, ces mots lourds de sens, ces provocations incessantes… Tout ceci avait de quoi la perturber. Et il le contrastait avec brio en adoptant une attitude de combat des plus agressives. Madeline évitait les coups comme elle le pouvait, se montrant souple et rapide. Elle restait en alerte, craignant de se prendre la raclée de sa vie devant une bonne partie de leur équipe. Elle luttait pour rendre les coups, s’énervait doucement et cherchait à lui faire péter un câble. Hors de contrôle, il serait plus simple de le déstabiliser, non ?

Malheureusement, son plan tomba à l’eau puisqu’elle manqua d’attention quand à sa défense, et qu’il en profita. Un coup, puis un second, et finalement il lui attrapa la jambe alors qu’elle tentait de répliquer à l’aide d’un coup de pied. Il tira dessus et la fit chuter, ne manquant pas d’accompagner son geste d’un petit commentaire malvenu. Madeline lui lança un regard noir, tout en grimaçant à cause du choc. Il savait tenir debout, ah ouais ? Il n’en fallait pas plus pour piquer à vif la brunette, qui d’un mouvement de bassin pu balancer ses jambes dans sa direction et lui faire un magnifique croche pied. Détail auquel elle n’avait pas pensé : servir de tatami vivant pour réception son adversaire ! Par chance, il avait eu le réflexe de se retenir, ne l’écrasant pas violemment. Mais là, ce fut vraiment étrange… Quelques secondes totalement surréalistes, comme s’ils avaient été projeté dans le passé sans s’en rendre compte, le temps d’un flash. Valentino avait sourit, le plus simplement et franchement du monde. Madeline avait cru qu’elle délirait, mais non… Une chute avait suffit à lui montrer que SON Valentino était toujours là, certes bien planqué derrière des couches et des couches de rancune. Seulement, une lueur dans son regard lui laissait penser que la cause n’était pas perdue. Elle pouvait encore se battre un peu pour tenter de se faire pardonner. Se braquer et jouer la gamine qui répond à toutes ses provocations n’était pas la solution. Ou du moins, il fallait qu’elle le fasse plus intelligemment pour arriver à ses fins. Peut-être qu’il fallait simplement lui remémorer ce qu’ils avaient été, par le contact physique, l’échange, les sens… Un parfum, une sensation, un regard, un goût, un son… Elle le notait dans un petit coin de sa tête, bien décidée à y réfléchir plus tard !

Pour l’instant, l’heure était au règlement de compte. Et cette pause ne dura que quelques instants, puisqu’il revenait à la charge à coup de provocation, se refermant à nouveau sur lui-même. Mais quel petit con, provocant à souhait ! Madeline arqua un sourcil, et d’un petit élan tout en posant ses mains sur ses avants bras qui servaient à le maintenir en appuis, elle le força à pivoter. Les rôles s’inversaient et avec la même envie de l’emmerder avec ses insinuations, elle se pencha en avant et répliqua, juste pour lui : « J’ai toujours préféré être au-dessus. » Sa garde ? Elle ne s’en préoccupait même plus. Cette sensation de l’avoir tout contre elle la paralysait presque. Elle en avait tellement rêvé ; il lui avait tellement manqué… Peut-être qu’ils se battaient, mais au moins elle avait le plaisir de sentir sa peau chaude, sa respiration, toutes ces petites choses qui lui avait cruellement fait défaut.

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Madeline░Valentino

∞ A dire la vérité, Valentino en avait gros sur le cœur. Bien plus que tout ce qu'il n'aurait jamais pensé avoir à avouer. Et si cette bagarre le dérangeait, dans un sens, ça lui permettait d'évacuer plus facilement la colère que contre un punchin' ball. Même si, contrairement à quand il frappait dans un sac, il devait se retenir. Le but n'était pas d'envoyer la jeune femme à l'infirmerie, mais simplement de la mettre assez K.O pour qu'elle déclare forfait. Dans un autre sens, elle, quant à ce qui la concernait, elle ne ménageait pas forcément Valentino. Mais il était costaud; Et il en avait vu d'autres, bien pires.

Il avait réussi à prendre le dessus, sans y mettre toute sa force. C'était plus par la défense, en fait, qu'il s'imaginait l'amener à taper sur le tatami, pour annoncer sa reddition. Et il ferait tout ce qui était en sa mesure pour y parvenir. Même s'il fallait augmenter l'intensité et la force de ses poings et pieds lancés. Bien que dans le fond, si ça arrivait et qu'il lui faisait le moindre mal, il était évident qu'il ne se le pardonnerait pas. C'était juste comme s'il l'avait frappée pendant qu'ils étaient ensemble. Et quand bien même de raison qu'ils ne l'étaient désormais plus, il ne ferait jamais de mal à une ex. Même si c'était Madeline. Il avait réussi à la faire tomber, et tout fièrement, il avait tenté une provocation. S'il s'était laissé allé, il l'aurait embrassée, c'était une certitude. Et c'était pour cela qu'il avait eu besoin de se ressaisir. Madeline n'avait plus le droit à avoir un accès à ce Valentino là. Peut-être qu'avec le temps, il s'habituerait à baisser la garde, mais plus jamais en allant sur le domaine amoureux. Elle avait tiré une croix le jour où elle était partie. Pas parce qu'elle était partie. Mais parce qu'elle n'avait pas prévenu, pas donné de nouvelles. Et ça, c'était certainement le pire dans l'histoire. Il aurait tellement pu lui arriver de choses graves. Mais bon, elle était là, désormais, et c'était un motif parfait pour lui offrir de la froideur.

Elle l'avait fait tombé après qu'il en avait fait de même en premier. Et alors qu'il avait un instant profité de la situation, elle avait retourné le tout à son avantage. Il aurait pu un instant se laisser aller à son odeur, la sensation de sa peau douce contre la sienne à lui, plus dure, l'impression que ses cheveux tombant pouvait le caresser. Mais il avait préféré ne pas se laisser tomber dans la rêverie. Madeline et lui, c'était fini, pas la peine de ressasser le passé, même s'il n'avait de cesse de revenir au galop. Alors qu'elle était sur lui, lui la poussa, pour la faire s'éloigner, et se redressa. Il se remit sur ses pieds, et grimaça. Je préfère autant que ce soit une autre qui prenne le dessus. au fond, c'était faux. Mais si lui faire du mal verbalement lui permettait de gagner plus facilement le combat, en la distrayant, c'était parfait. Allez, qu'on en finisse ! fit-il, avant de lui donner un coup, peut-être un peu trop fort, sur la côté où elle était blessée, en ayant un instant raté qu'elle était blessée. L'envie d'en finir avec ce combat lui avait fait faire abstraction de tout le reste. ∞

Wouah…! Si jusqu’à présent Valentino semblait un peu sur la retenue au niveau des coups et de la force qu’il y mettait, il venait tout de même de lui balancer un énorme uppercut verbal. Le petit sourire provocateur qu’elle avait précédemment affiché s’était estompé en quelques secondes à peine. Valentino aurait préféré qu’une autre femme prenne soit disant le dessus, et cette réflexion fit instantanément naître des images et pensées désagréables dans l’esprit de la jeune femme. Plus d’une fois elle avait imaginé cet homme qui avait été le sien, accompagné d’une autre. Et dans ses plus grands cauchemars, elle le voyait poser ses mains sur un corps qui n’était pas le sien, faire frémir une peau de pêche qui n’était pas la sienne, et décrocher des soupirs et gémissements qui ne s’échappaient pas d’entre ses lèvres… On comprenait donc pourquoi cette remarque lui restait en travers de la gorge, la blessant plus que de raison. Valentino aussi semblait perdre patience, et il souhaitait en finir une bonne fois pour toute ! Et pour ça, il ne trouva rien de mieux que de frapper à nouveau dans ses côtes. « Aah ! » Elle se plia à nouveau en deux, portant une main sur son abdomen. « Bordel ! » Oui, elle pestait ! Aussi bien contre lui que contre elle-même, qui se maudissait encore de cette satanée chute du début de semaine. Un énorme bleu était venu teinter sa peau pâle, et au fil des jours il changeait de couleur…

A présent, elle était folle de rage. L’imaginer sauter d’autres nanas la rendait dingue, alors qu’elle savait pertinemment qu’il n’était plus à elle. Valentino n’était plus son mec, et pourtant… Elle avait toujours été possessive à son égard, et il était tellement difficile de se faire une raison et d’accepter la réalité des choses. En six ans, il avait forcément dû la remplacer ! Malheureusement, Madeline ne supportait pas cette idée, et la douleur réelle de ses côtes la poussait à toujours plus de colère. Fronçant les sourcils, elle le fixait presque méchamment mais elle restait silencieuse. Puis, dans un excès de colère, elle se rua sur lui. Pas de coup de pied, pas de coup de poing, seulement une indescriptible rage qu’elle laissait s’exprimer. Parce qu’elle aurait pu le frapper, mais non… Au lieu de ça, elle attendit qu’il se retourne pour reprendre sa place et se jeta littéralement sur son dos, comme une furie. Le petit défi du ring s’était envolé. Il n’était plus question de se provoquer ou de se chamailler comme deux gamins capricieux. Il l’avait blessé… Physiquement. Psychologiquement. Et égoïstement, elle en oubliait qu’elle avait fait bien pire auparavant. Alors Maddy le serra fermement, s’accrochant à lui dans l’espoir de le déséquilibrer et de le faire à nouveau chuter.

Malheureusement pour elle, l’élan ne fut pas suffisant pour que cela fonctionne et c’est elle qui dû se faire une raison. Elle le relâcha, descendant de son dos dans un petit saut alors qu’il s’énervait et la forçait à retirer ses mains de ses épaules. La douleur était vive et sa fierté froissée. Passant son bras sur front, essoufflée et désorientée par sa propre vulnérabilité, elle n’osait même plus regarder Valentino. Encore moins James et Sean, qui restaient surpris par ce qu’elle venait de faire. « Madeline..? » Elle releva la tête. « Ça va, je n’ai pas besoin de commentaire ! » Le flic resté en dehors du tapis n’ajouta rien, jetant des coups d’oeil à son collègue DiBello. Allait-il l’achever ? Inutile. Se penchant en avant, une main sur ses côtes, elle tapa d’elle-même sur ce foutu tatami. « Je… J’ai… » Elle avait envie de vomir, puisqu’une violente douleur lui barrait la poitrine. « J’en ai marre. Voilà, tu m’as battu. T’es le plus fort, youhou ! » Elle le fusilla du regard alors que James venait vers elle, probablement pour lui ordonner de reprendre là où elle semblait vouloir abandonner. « Non, j’en ai assez entendu ! » - lança-t-elle pour le contrer. Ça n’était pas les coups qui la freinaient, ni même la douleur physique… Mais bien ses mots qui la décourageait. Elle avait cru pouvoir le retrouver, doucement, en faisant preuve de patience… Seulement sa jalousie la rendait malade, parce que jamais : ô grand jamais, elle n’avait cessé de l’aimer.

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∞ Ce ne fut qu'une fois le coup donné que Valentino s'était rendu compte de où il avait tapé. Avant même de la voir se recroqueviller, ou même de l'entendre hurler de rage, de douleur, bref, de tout ce qu'il était possible à ce moment donné. Et lorsqu'elle s'était jetée sur lui, telle une furie, il avait eu comme unique réflexe de remonter sa garde tout en enfonçant sa tête entre ses épaules. Il allait lui demander pardon avant qu'elle ne se transforme en folle furieuse. A la place de ça, il s'agitait pour la faire descendre. Il poussait des petits grognements de mécontentement, pour ne pas hurler. Au fond, le but, ça n'était pas de l'effrayer, ou de partir lui, dans une rage extrême et lui faire mal. Mais c'était quoi, le but de tout ça ? Son retour, la volonté de James de tout le temps les confronter, en la reprenant comme sa coéquipière, en les faisant s'affronter le temps d'un combat sur le ring... Rien ne semblait avoir un sens.

Elle était retombée au sol, ayant échoué au but de le faire tomber. Ce qui l'arrangeait bien, à lui. Et puis, même si elle était légère comme tout, ça n'était pas vraiment agréable d'avoir un petit monstre qui se débattait, agrippé sur son dos. Valentino s'était éloigné de l'autre côté du ring, une fois qu'elle avait les pieds à terre. Cette fois-ci, c'était lui qui était perdu. Elle était partie dans une colère qu'il ne comprenait pas non plus. Elle n'avait pas le droit d'être dans une telle rage le concernant. Enfin, c'était comme ça qu'il voyait les choses. Et puis, elle avait abandonné, et l'avait faussement félicité, vu le ton ironique emprunté. Il avait baissé très vite la garde, et retiré tout ce qu'il avait mis pour le combat contre elle - soit pas grand chose, mais c'était déjà ça. Et encore une fois, tu te tires. Tu sais faire que ça, hein ? Ce n'était pas de la provocation. En fait, il était démuni face à sa réaction, mais ne voulait pas montrer qu'il s'en inquiétait. Il se serait mal vu lui courir après pour s'excuser. Et pourtant, c'était le boss qui lui avait lancé un regard voulant tout dire. Valentino avait pu lire dans ses yeux qu'il lui disait d'y aller, d'arranger les choses. Et il lui rajouta "c'est ta partenaire. Vas-y." SUPER. Il devait aller à la suite de la demoiselle.
Valentino s'était donc engagé à sa suite dans le Gymnase. Et il l'interpella. Madeline, attends ! Génial. Et maintenant, il lui disait quoi ? Qu'il était désolé pour son comportement. Il ne l'était pas. Qu'il voulait savoir ce qu'il se passait dans sa tête. Non, en vrai, il s'en fichait, ça serait des ennuis en plus à gérer, il s'en préoccuperait bien plus qu'il ne l'avouerait jamais. La situation était compliquée. Et au fond, Valentino remerciait -ironiquement- James pour la situation actuelle. ∞

Madeline était incapable de réellement expliquer sa réaction. Elle avait été emportée par une vague de colère, une impulsion qu’elle n’avait pas su maîtriser et contenir. Tout le monde la fixait avec de gros yeux, sûrement scotché de la voir ainsi. On allait la prendre pour une folle maintenant. Pour un petit combat de rien du tout, elle était partie en live ! Un coup dans les côtes et voilà qu’elle s’emballait, sautant sur son adversaire pour le faire chuter. Son comportement s’était avéré étrange, et elle-même restait muette lorsqu’il était question de le justifier. Bien que James cherchait à la retenir, à la faire remonter sur ce ring pour achever ce qu’elle avait débuter, Mads ne voulait plus rien entendre. Elle avait mal. Aussi bien à la poitrine que dans sa tête. Il était préférable pour elle qu’elle abandonne cette confrontation, comme elle devait réussir à abandonner son passé, désormais loin derrière elle. Derrière eux. Alors elle tourna les talons, se tenant encore les côtes mais retenant ses larmes. Les mots de Valentino retentirent alors dans sa tête, la faisant se figer sur place. Allait-elle se retourner pour lui prouver le contraire ? Devait-elle y retourner pour lui fermer son clapet ? Elle en avait très envie… Mais elle avait l’impression que ça ne servirait à rien. Maddy prenait alors la direction des vestiaires, où elle allait récupérer ses affaires. Puis, sans doute qu’elle passerait au poste et demanderait sa journée, pour se rendre chez un médecin, se faire poser une bande ou que sais-je encore pour soulager ses maux.

Mais ce à quoi elle ne s’était pas attendu, c’était d’entendre Valentino la rappeler. Il lui demandait même de l’attendre, la rattrapant d’un pas pressé. C’était une mauvaise blague ? Il avait oublié quelque chose ? Une claque ? Une insulte peut-être ? Madeline serra la mâchoire et se retourna, un air blasé se peignant sur ses traits fins. « Qu’est-ce que tu veux ? Tu l’as eu ta victoire, t’as tapé où il fallait… » Elle avait lâché ça froidement, faisant aussi bien référence à ses coups que ses mots. Bien sûr, son poing avait percuté le meilleur endroit pour la faire plier… Mais ses mots, si dur, avaient été la raison pour laquelle il l’avait littéralement abattu. Elle soupira doucement et plongea son regard dans les yeux clairs de son ex. Mads n’ajoutait rien. Elle attendait patiemment qu’il lui décroche quelques mots, qu’il poursuive… Après tout, c’était lui qui l’avait retenu. Chose assez surprenante quand on constatait les efforts qu’il faisait depuis le début pour lui faire sentir qu’elle n’était plus chez elle et qu’elle pouvait retourner d’où elle venait, illico presto ! Peut-être qu’il n’avait en réalité rien à dire… Peut-être que ça n’était qu’une énième impulsion et qu’il allait retrouver ses esprits dans quelques secondes, redevenant cet idiot qui crachait son venin à tout va. Ou alors, il ne faisait qu’obéir… En tout cas, il avait bien du mal à lui parler. « Alors ? »

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∞ Suivre les ordres. Finalement, Valentino s'avérait être plutôt bon élève dans cette matière. Même si ça le contrariait bien assez de devoir bien souvent faire quelque chose d'inverse à sa volonté. Valentino aimait sa liberté, mais il savait qu'il y avait toujours une contrepartie. Pour que James le laisse tranquille dans sa façon d'agir, et aussi pour que ses collègues l'acceptent tel quel, il devait tout de même embrasser un certain mode de vie, surtout au niveau professionnel. Et là, il s'agissait d'écouter et d'obéir à James. Un seul coup d'oeil et il avait compris. Son temps désormais, devait être utilisé à aller voir Madeline, lui parler. Et s'excuser. Enfin, là, autant l'avouer, il ne se sentait pas vraiment d'aller lui présenter la moindre excuse. Et puis quoi encore ? Aussi peut-être lui demander pardon si elle était partie ? Et aussi pardon qu'elle ait pourri sa vie, qui pourtant, semblait si parfaite avec elle à ses côtés ? Il avait perdu cette partie de lui-même, et il n'allait pas s'excuser de ne pas en être le responsable. Pour une fois qu'il n'était pas à l'initiative d'une erreur monumentale.

Et pourtant, il avait exécuté la requête implicite de James. Aller voir Madeline. S'assurer qu'elle allait bien. L'empêcher de péter les plombs. Mais il n'était plus en mesure de remplir cette tâche. Autrefois, oui. Mais désormais, tout était différent. Et quand bien même, s'il en était en mesure, à quoi bon ? Il n'aurait pas voulu l'être. Il ne l'aurait pas fait. Pas dans ses conditions. Il n'allait pas l'aider à l'aller mieux, alors que chaque seconde à l'observer, c'était un souvenir brûlant qui venait le hanter. Le genre de souvenir qui aidait à petit à petit, réduire son cœur déjà brisé en miette, en poussière. Un souvenir qui lui rappelait l'amour inconditionnel qu'il lui portait.. et lui porterait toujours, mais qui le consumait désormais de l'intérieur, parce qu'il lui rappelait les blessures qui ne guérissaient pas. Qui ne guériraient jamais. On dit qu'on peut pardonner, mais difficilement oublier. Valentino n'était prêt ni pour l'un ni pour l'autre. Seulement voilà, il ne voulait pas être prêt. Pardonner, c'était lui donner à nouveau l'occasion de le détruire. Et ça, désormais, c'était juste devenu impensable pour lui. Inimaginable.

Mais voilà qu'il se trouvait face à elle. Il la regardait droit dans les yeux. Et elle aussi. A une autre époque, il aurait fermé la porte des vestiaires derrière lui, et se serait jeté sur elle, il l'aurait embrassé comme si c'était la dernière fois, et il l'aurait patiemment déshabillée pour lui faire l'amour, là aussi, comme si c'était la dernière fois.. Personne n'aurait trop fait attention, parce qu'ils ne se seraient pas disputés devant tout le monde. Leurs disparitions, c'était devenu courant dans le passé. Mais là, il se trouvait démuni, et ne savait pas quoi lui dire. Alors qu'il lui avait demandé de l'attendre. De leur précédent échange, il ne regrettait que les coups sur ses bleus, auxquels il n'avait pas pensé sur le moment. Alors il la regarda, et dit d'un air sombre, mais à la fois, sans méchanceté. En vérité, il se trouvait bien con de lui dire ça comme ça. Tu devrais mettre de la glace, ça coupera la douleur. Oui, et puis de la crème aussi. Si tu veux, je peux même te la passer, non ? Valentino se mordait intérieurement la joue. Mon dieu, mais qu'est-ce qu'il pouvait sortir comme connerie. Pourquoi ne pas avoir fait simplement semblant d'aller la voir, et prendre une autre porte, pour ne pas avoir à lui parler ? Parce qu'en vérité, Valentino n'était pas prêt à demander pardon. Et ce, pour bien des raisons. Il haussa les épaules, et lui tourna le dos un instant, pour aller s'adosser à un mur. Apparemment oui, il allait l'observer rager -ou peut être pas que- un instant. De toute façon, il devrait certainement s'expliquer face au chef et face au reste de la brigade.∞

Alors ? Et bien il lui conseillait de mettre de la glace sur ses côtes, pour apaiser la douleur et sans doute faire dégonfler ces énormes bleus. Madeline le fixait avec une mine un peu étonnée, perdue entre la surprise et la l’incompréhension… Si ce n’est même un forme de déception indescriptible. Son ex, son coéquipier qui venait de lui mettre une sacrée raclée plus verbale que physique, lui filait quelques conseils pour se remettre de ses coups. Et pour ce qu’il avait dit, comment devait-elle surmonter tout ça ?! Bien que les niveaux ne soient pas les même, c’était comme si elle s’était pointé devant lui pour l’aider à affronter son retour, leur séparation, sa disparition non-expliquée… C’était culotté. Ou simplement maladroit. Madeline ne savait plus tellement quoi penser, puisque par moment elle avait le sentiment de ne pas l’avoir totalement perdu, que le Valentino dont elle était tombée amoureuse sommeillait toujours en lui, quelque part dans un coin de son cœur. Alors peut-être qu’il était sincère dans sa démarche et qu’il souhaitait qu’elle prenne soin d’elle. Sans quoi il ne serait qu’un menteur, désirant se débarrasser d’une corvée imposée par son supérieur. « Euh… Ok. Je ferais ça. » -souffla-t-elle en baissant la tête. Toute cette situation n’avait rien d’évident. Et peut-être qu’elle aurait préféré qu’il la déteste dans son coin, la laissant rentrer chez elle en larmes en se foutant bien de son état. Peut-être que ça aurait été plus simple pour elle, pour lui, par eux deux.

Très souvent, Madeline se demandait ce qu’elle foutait ici. Solange l’en avait clairement déconseillé, préférant la voir mener tant bien que mal sa petite vie dans une autre ville, loin de ses souvenirs. Sa cadette l’avait supplié de ne pas rentrer « chez elle » comme elle le disait si bien ; mais de s’installer à Los Angeles, New York ou que sais-je encore, pour y trouver l’adrénaline professionnelle qui lui manquait tant. Or, ce qui faisait défaut à Madeline, c’était cette équipe, cette famille… Certes, ces dossiers de la criminelle mais surtout celui qui avait veiller sur elle, s’assurant toujours qu’elle ne s’impliquait pas trop, qu’elle ne faisait pas preuve de trop d’empathie, qu’elle faisait son job en toute sécurité. C’était ses bras serrés autour d’elle qui manquaient à Mads. Son parfum rassurant, son attention bienveillante… Au lieu de ça, elle s’était pris un mur en pleine face. Évidemment, elle l’avait vu venir de loin, se doutant que l’accueil ne serait pas des plus chaleureux. Mais cette rage… Avec du recul, elle pouvait l’en excuser. Il ne savait pas ce qui l’avait poussé à partir ; il n’avait jamais eu connaissance l’existence de ce bébé, ni même qu’elle l’avait perdu. Après cette fausse couche, Madeline avait été incapable de rentrer et d’affronter son regard. Allez expliquer à votre mec que vous avez eu peur, que vous êtes partie avec son enfant et que vous avez été une mauvaise mère avant même qu’il n’ait pu voir le jour… Parce que Maddy l’avait vécu comme ça. Tout était de sa faute et elle n’avait pas eu le courage de retrouver Valentino, de lui dire qu’à cause d’elle, il aurait pu être père mais ne le serait finalement pas.

Face à lui, et subissant cette vague de tristes pensées, elle serra doucement les poings. Que pouvait-elle ajouter à cela ? D’ordinaire, c’était lui qui prenait soin d’elle lorsqu’elle se blessait. Six ans auparavant, il l’aurait porté jusqu’à la voiture, l’aurait ramené chez eux et se serait lui-même chargé de la dévêtir pour panser ses blessures. « Tu sais, je ne voulais pas que tu me détestes à ce point… J’ai jamais voulu faire naître toute cette haine en toi… » -lâcha-t-elle spontanément, sans vraiment réaliser qu’elle se dirigeait vers une pente très glissante. Mais merde ! Il fallait qu’elle le dise. Il fallait qu’il voit qu’elle avait compris qu’il ne la portait plus dans son cœur et qu’elle avait conscience qu’il ne pouvait plus la voir en peinture. Madeline n’était pas une sotte. N’importe qui aurait pu le comprendre tant il était expressif lorsqu’il lui crachait son venin au visage. « Je ne voulais pas… »

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∞ Discussion futile, diriez-vous. Vous aurez totalement raison. Mais ça faisait du bien à Valentino de parler à sa coéquipière, sans se bouffer le nez. Et puis, au fond, peut-être qu'il s'inquiétait un peu de savoir qu'elle allait se remettre de ses bleus très moches, qu'il n'avait qu'entrevus pendant ces quelques jours, et dont il se doutait bien de la tête qu'ils avaient vu comment ils semblaient lui faire mal. Et d'un autre côté, il avait cette part de lui qui s'en fichait, et qui lui faisait comprendre que c'était de sa faute, puisqu'elle avait pris des risques inconsidérés qui lui avaient fait se faire prendre au piège. Sauf qu'au fond de lui, Valentino savait très bien que ces "risques" il en était l'auteur, en les faisant se séparer dans le hangar où ils étaient allés. Et que continuer mentalement de blâmer Madeline n'allait pas enlever la culpabilité qu"il ressentait en la regardant se tordre de douleur.

Alors oui, il avait parlé de mettre de la glace. Génial, le sujet de conversation. Mais d'un autre côté, il aurait très bien pu contourner l'ordre, en faisant semblant. Lui qui aurait été le premier à y penser, il n'avait même pas envisagé une seconde de ne pas aller à sa suite, comme le boss le lui avait fait comprendre. Il l'avait déjà fait. Mais pas cette fois. Alors il était allé s'adosser à un mur, et l'avait regardé. Ok, peut-être pas que pour rager, mais quand ils étaient en face à face, c'était plus simple de regarder ses traits sans paraître étrange. C'était du masochisme que de la regarder. Ça n'avait de cesse de lui rappeler ce qu'il avait perdu, et ça lui déchirait quasiment littéralement l'estomac.

Il y avait eu un moment de silence. Un moment paisible, que Valentino pouvait apprécier. Finalement, rester avec son ex qui avait brisé son coeur, c'était pas si mal, ils pourraient peut-être être amis... ou pas en fait. Elle avait pris la parole, et une sensation d'agacement était née chez le flic. Il la regardait, et croisait tranquillement les bras sur son torse. Calme toi, Val', calme toi. Il avait baissé les yeux, en regardant ses chaussures. Il soupira en relevant les yeux vers elle.  Arrête. avait-il dit sur un ton autoritaire, sans qu'il ne soit pour autant méchant ou agressif. Il secoua la tête, et décroisa ses bras pour en passer une sur son front, comme s'il se sentait subitement fiévreux. Il avait à peine haussé la voix, pour faire comprendre qu'il trouvait cela révoltant qu'elle mette les choses à son avantage, se faisant désormais passer pour la victime.Tu ne peux pas faire ça. Il souffla un instant, et dit. C'est pas de la haine. Mais je t'en veux. Et je ne sais pas si je suis prêt à pardonner, si je le serais un jour.C'était plus dur pour Valentino que ce qu'il n'aurait pu l'imaginer.

Lui dire ses vérités en face. Il risquait de la blesser, il en était conscient. Mais puisque c'était elle qui avait amené le sujet sur la table, il ne pourrait pas vraiment s'en sentir coupable. Il lui avait dit qu'il valait mieux ne pas parler de ça. Il s'était passé la main qu'il avait mis sur son front dans sa nuque, et puis avait fait une moue qu'il avait toujours d'habitude, en relevant les bras, d'un air de dire "c'est comme ça". Mais tu ne peux pas me blâmer d'en être là. C'est de ta faute. Tout l'énervement qu'il avait eu l'autre soir semblait parti. Certes, il finirait par revenir, c'était chose sûre. Mais à ce moment donné, Valentino n'avait pas envie de se battre. Et ce qu'il disait était déjà assez compliqué à dire pour lui, mais certainement aussi à entendre pour elle, pour le dire en criant. Sinon, ça risquait de finir à celui qui criait le plus fort, et personne ne s'écouterait. Et pour le coup, il se refusait d'amener toute la station de police ici, juste pour voir ce qu'il se passait entre eux. Ils n'étaient pas une série, et il fallait que les autres s'y fassent.
∞

Valentino l’avait coupé net. Il ne voulait pas l’entendre lui dire ça. Il refusait de la laisser aborder un tel sujet, Madeline le devinait sans mal. Il s’était montré sec, mais avait gardé son calme. Tout ce qu’il attendait d’elle, c’était qu’elle la boucle. Mais c’était si compliqué de rester face à lui sans pouvoir partager ce qu’elle avait sur le coeur. C’était si dur de le laisser baigner dans ses suppositions, ses hypothèses floues… Il ne savait pas ce qui s’était passé et ça faisait un mal de chien à Madeline de laisser les choses ainsi. Malheureusement, elle ne pouvait pas aller à l’encontre de ses volontés. S’il ne souhaitait pas qu’ils parlent, elle n’allait pas l’y contraindre. Ca n’était pas juste. Elle ne pouvait pas faire ce que bon lui semblait et lui imposer sans arrêt ses quatre volontés. Elle ouvrit la bouche, comme si elle allait tenter une nouvelle approche, mais se ravisa. Au lieu de ça, elle l’écoutait sans broncher, encaissant encore un peu plus de reproches, cette fois-ci formulés clairement. Il ne la haïssait pas mais lui en voulait beaucoup… C’était toujours ça de gagner, pensa-t-elle silencieusement. Par contre, il n’était pas prêt à lui pardonner. Jusque là, elle le comprenait parfaitement puisqu’elle venait de réapparaitre dans sa vie. Seulement, la fin de sa phrase fut plus blessante. Il ne savait pas s’il serait prêt à le faire un jour. Peut-être qu’il serait à jamais en colère contre elle, incapable de comprendre, incapable d’avancer… La bouche de Maddy se tordit légèrement, se retenant de craquer. Elle se l’interdisait, sachant d’avance que ça ne ferait que l’agacer davantage puisqu’il lui collerait l’étiquette de fausse victime, cherchant à se faire plaindre alors que tout était de sa faute.

« J’assume. » -répliqua-t-elle, d’une petite voix. Bien sûr qu’elle était la responsable de ce merdier. C’était elle qui avait eu peur, elle qui n’avait apparemment pas eu assez confiance en leur couple et qui avait massacré leur belle histoire. Que pouvait-elle faire d’autre que d’assumer cette énorme connerie ? « Je ne t’en blâme pas… Je voulais juste… Enfin… » Elle se perdait dans ses propres pensées, jusqu’à se mélanger les pinceaux dans son discours et devenir hésitante. « Je voulais juste que tu le saches. Que je ne souhaitais pas tout ça… Je sais que tout est de ma faute, et tu as tous les droits de m’en vouloir. » Elle marqua une légère pause et s’approcha de lui, de quelques pas seulement. « Valentino, je ne cherche pas à te convaincre de quelque chose auquel tu ne crois pas. Je ne souhaite pas avoir ton pardon à l’usure mais seulement lorsque tu jugeras bon de me l’accorder. Et je… » Nouvel arrêt pour la jeune femme. Devait-elle poursuivre sur sa lancée ou en avait-elle déjà trop dit ? Elle était complètement perdue et ne savait plus tellement quoi faire, puisqu’elle ne pouvait plus appréhender les réactions de son coéquipier, lui qui avait tant changé par sa faute. « Tu ne veux pas entendre tout ça, je ne sais même pas pourquoi je… Bref ! » Elle releva la tête et chercha son regard. Il était fermé, froid, distant… Ses bras croisés sur son torse symbolisaient parfaitement son refus de communiquer. Val’ devait regretter de l’avoir rattraper, tout comme le reste, tout se qui rattachait de près ou de loin à la brunette. Il devait maudire le jour où ils s’étaient autorisés à aller plus loin, où ils avaient passé ce cap pour tomber dans les bras l’un de l’autre. Oh oui, il devait le détester, quand Madeline le chérissait. Elle n’ajouta rien, plombant l’ambiance déjà bien tendue. En avait assez dit, ça suffisait pour aujourd’hui. La douleur était trop vive pour en rajouter une couche.