Une journée comme une autre, à l’exception prêt que le retour chez moi fut long et douloureux. Il n’y avait que des jeunes enjoués à l’idée de servir l’armée américaine. Étaient-ils assez idiot pour croire tout ce qu’on voyait à la télé ? Tout ce qu’on pouvait leurs faire croire ? Ils ne pourraient s’en prendre qu’à eux même le jour ou une bombe finira par exploser leurs convois. De toute façon on leurs demandaient uniquement de savoir lire et écrire, il n’y avait aucun génie dans ces rangs. Je devais m’occuper ce soir et pas simplement boire un verre en attendant que le temps passe, j’avais besoin de sentir autre chose couler dans mes veines. Alors à peine la porte de chez moi passé, j’avais ouvert cette application, celle qui m’aidait à occuper mes nuits quand je n’avais aucune envie de perdre mon temps à lever n’importe quel mec dans un bar. Les profils étaient varié, beaucoup de gamin, mais pour coucher je m’en fichais pas mal. J’avais besoin d’un coup d’un soir et plus il serait stupidement superficiel, plus cela serait facile de partir ou de les mettre dehors. Etudiant en médecine, Serveur, Ingénieur, tous ce qui avait un minimum d’attrait physique furent garder et pour les autres ou les trop jeune… Disons que lorsque l’alcool paralyserait mon cerveau, je pourrais me pencher sur leurs cas. Ouvrant une bouteille de whisky, je me servais un verre, il était tôt, beaucoup trop sans doute pour un verre, mais qui viendrait me le reprocher ? Personne, j’étais assez grand pour foutre ma vie en l’air.

Un, deux, trois match, mais chaque conversation commençaient de la même façon, comment j’allais ? Je n’avais tellement pas envie de répondre à cette question, pas plus que j’avais envie de perdre mon temps. Je voulais une danser, du sexe, aussi simple, ou intense, je m’en fichais, je voulais simplement m’épuiser contre le corps d’un autre et sentir le monde tourner normalement juste un instant. J’allais finir par croire que plus aucun mec dans cette ville assumait clairement d’aimer le sexe et qu’aucun n’assumerait non plus de ne pas avoir besoin de la moindre conversation. Pourtant, après une éternité, il y eut une nouvelle notification, un match, suivi d’un message. Soupirant sans prendre le temps d’espérer quelque chose, je posais mon verre pour me saisir du téléphone et lire ce fameux Will. L’ingénieur, au moins n’avait-il pas volé ses diplômes. Un gamin, enfin pas tant que ça, mais bien plus jeune pour que ça se voit. Un physique semble-t-il bien fait et une absence d’obligation à la moindre interaction sociale. Que pouvais-je désirer de plus ? Rien. Alors mes doigts glissèrent naturellement sur mon clavier sans que le moindre sourire n’étire mes lèvres, « Si tu peux être là dans trente minutes je verrais pour m’en débarrasser. », aucune drague, aucune tentative de faire croire à cet homme que mes intention étaient différente des siennes, de toute façon qui serait là pour y croire ? Pas moi déjà.

Envoyant l’adresse et le code de l’entrée, je reposais mon téléphone avant de finir mon verre et de rejoindre ma salle de bain. Je n’avais pas peur de la moindre intrusion, si ce mec venait pour me voler ou m’agresser, je pense qu’il finirait à l’hôpital et moi non, alors je ne m’inquiétais pas. Je faisais au moins l’effort de passer des vêtements moins stricte, un boxer, un jean et un t-shirt. Entendez bien par la que je ne ferais aucun effort vestimentaire, à quoi bon de toute façon ? Dans une poignée de minute, si ce gars était intéressé et si il valait la peine, il serait là, devant ma porte pour coucher et rien de plus. Une, deux, ou trois fois, je n’avais pas vraiment de problème pour remettre ça au programme si il réussissait à faire ce que j’attendais de lui. Mais ça serait tout, coucher, recommencer, ou partir. C’était simple, sans prise de tête, juste une dose de passion sourde pour étouffé mon cerveau et la journée pourrait enfin prendre fin. Et si il se révélait ne pas être ce genre d’homme à profiter de l’instant présent, alors je n’aurais plus qu’à sortir dans un bar et trouver qui que ce soit acceptant de prendre cette place.  

Ce mec m'avait répondu, ou envoyé d'autres messages, j'avouais m'en foutre royalement et continuer à faire ce que je faisais. Si il n'assumait pas ce qu'être sur cette application signifiait, il n'avait qu'à ne pas venir et dans une poignée de minutes je serais déjà partie en direction d'un bar. Mais quelqu'un finit par toquer à ma porte et un léger sourire satisfait fit sa place sur son visage. Enfin quelqu'un qui ne faisait pas semblant de vouloir la même chose que moi. Ouvrant la porte, je laissais mon regard glisser sur lui et m'assurer dans un sens qu'il n'était pas ce genre de mec à avoir une photo viable et tromper la réalité, mais ce n'était pas le cas et il était très franchement très agréable à regarder. Au moins il y aurait un minimum d'intérêt à se perdre contre lui, c'était déjà ça. Sans un mot, je m'écartais pour le laisser passer avant de refermer la porte et de finalement lui faire face. Lui offrir à boire ou passer aux choses sérieuses ? On devait vraiment choisir ? C'était le plus chiant au final, devoir faire semblant, devoir essayer de satisfaire des désires idiots pour ne pas passer pour quelque chose d'inacceptable aux yeux de la société. Faire preuve d'éducation, de bonne manière juste pour ne pas être pointé du doigt... Ça m'épuisait. Ce mec venait de perdre en intérêt brusquement, d'autant plus si je voulais ne pas le vexer et pouvoir le déshabiller. Soupirant, j'avançais dans l'appartement jusqu'à prendre un verre et la bouteille de Whisky pour lui servir un verre qui échoua sur la table basse. En faisant de même pour moi, j'abandonnais la bouteille à sa place avant de boire d'une traite. Personne ne faisait illusion ici et que je sois expéditif dans les formules de politesses ne me dérangeait pas, je n'avais aucune honte à être ce que j'étais.

« Donc on va devoir parler pour apprendre à se connaitre ou boire un verre c'est juste pour sauver les apparences et ne pas passer pour un mec n'ayant aucun remord à coucher avec un parfait inconnu après deux messages ? », ma question était réelle, car si il fallait parler, je n'en aurais que très peu envie et à moins qu'il aime monologuer, ça serait réellement une perte de temps. Je n'en avais rien à faire qu'il ait un frère, des parents divorcés ou un métier tellement passionnant, la seule chose qui m’intéressait était vraiment ce qui se cachait sous cette veste et ce t-shirt. Il y avait des signes qui ne trompait pas vraiment, sa carrure, sa posture, tout un tas de choses beaucoup trop précis pour ne pas révéler des détails sur son corps. M'asseyant dans un fauteuil, je baissais les yeux sur son verre comme pour l'inviter à en finir au plus vite. « Si tu veux autre chose que du Whisky il faudra se rabattre sur de l'eau. », parler n'avait pas le moindre intérêt, ça m'épuisait complètement de tenir une discussion. Même si en tant normal j'étais plus enclin à parler, je n'étais franchement pas en état d'être l'homme le plus charmant au monde ce soir. J'avais déjà trop de verre dans le sang et pas assez d'estime de ce monde pour faire illusion. Sans doute que si nous avions été dans un bar les choses auraient été différentes, mais ce n'était pas le cas et aussi gentil puisse-t-il être, je n'avais pas assez de patience aujourd'hui pour composer avec lui.

Je savais que l'image que je pouvais renvoyer en ce moment n'était pas la meilleure, mais il avait compris, le regard qu'il m'avait lancé me suffisait pour ne pas me faire d'illusion. Il savait et je m'en fichais pas mal de ce qu'il pouvait en penser. « Alors ? », demandais-je simplement. Il était pas prisonnier ici. Si l'idée de coucher avec un mec ne voulant pas en savoir plus sur lui le dérangeait, il pouvait toujours rentrer. Ça serait frustrant, énervant - surtout en sachant ce que j'avais sous les yeux -, mais je n'irais pas forcer quoi que ce soit. J'étais sans doute au fond du gouffre, mais pas à ce point là. Et puis il y aurait bien un mec au bar du coin qui ne serait pas contre quelque chose de facile.

Si il ne voulait pas non plus faire la conversation, je devais au moins lui concéder son habilité avec les mots. Cet homme était intelligent, le genre à pouvoir être rapidement agaçant et qui pourtant en cet instant m’arracha un léger sourire. Bien, à défaut de me faire gagner du temps, il ne me parlerait pas de son chien. Le regardant poser son verre, il attira de nouveau mon attention en soulignant que même si nous étions là pour quelque chose de socialement ambiguë, nous n’étions pas obligé de nous manquer de respect quand au fait qu’il refuserait de se soumettre à mes exigences, la part encore très ancrés dans son costume militaire eu quelque peu du mal à accepter. Ce n’était pas de devoir le respecter le problème, soyez en sûr, j’étais bourru et parfois sans délicatesse, mais je n’étais certainement pas ce genre de personne capable de ça. Non, c’était davantage dans son ton et dans son insubordination qui n’avait rien de légitime vu qu’il n’était pas un de mes soldats. Mais ça ne me plu pas, même si je devais reconnaitre que en effet, il avait raison. Avoir envie de coucher avec quelqu’un ne devait pas me priver de politesse. Mon sourire avait depuis longtemps disparu, je me contentais de le regarder, de chercher à quel point il pouvait m’agacer, mais je m’arrêtais toujours à quelque chose de plus trivial comme son corps beaucoup trop attrayant pour que je ne m’arrête à ses remarques pleinement fondé.

Il fallait avoir de la merde dans les yeux pour me pas voir à quel point j’étais tendu et mon addiction à l’alcool et au sexe en était la preuve. Ce mec était juste suffisamment malin pour mettre le doigt dessus. Relevant les yeux sur lui - et me faisant réaliser au passage que durant quelques secondes, je m’étais perdu dans le vide -, je l’écoutais reprendre un sujet qui m’intéressait déjà beaucoup plus. Il n’aurait pas à penser à un autre, du moins je l’espère, il est vrai que je me concentrais peut-être un peu trop facilement sur moi, mais personne n’avait eu envie de se plaindre jusqu’à présent, alors je prenais ça pour un signe de bonne maitrise de mon élément. Finissant mon verre, je le posais sur la table avant d’enfin sortir de mon silence. « Tu as raison sur deux points, le premier est qu’il est en effet inutile de te manquer de respect. Le second est que je suis bel et bien stressé. » soufflais-je d’une voix sans émotion, lourde et pourtant sans hausser le ton. Il avait raison, autant lui concéder ça. Je n’avais aucune envie de me battre, j’avais juste envie de son corps. « Ensuite… On ne juge pas son livre à sa couverture, il en est de même pour son résumé. », même si clairement, j’avais jugé cet homme à son physique et qu’il était là pour ça.

Me levant après quelques secondes de contemplation de son corps, je fis le tours de la table basse pour m’approcher de lui. Me penchant finalement sur son cas, mes lèvres trouvèrent les siennes avec une certaine bestialité qui n’avait rien de violent, mais qui trahissait l’envie que son corps avait su provoquer en moi. Baiser qui eut juste le temps de m’essouffler avant que je ne me dérobe dans son cou pour l’embrasser avec une lenteur et une précision militaire. Mes lèvres, ma langue, mes dents, tous se succédaient sur sa peau pour répondre à ce qu’il attendait. C’était tellement plus simple d’aller droit au but, mais prendre son temps ne pourrait que me faire du bien. La frustration ne serait que plus grande et la libération plus forte.

Mes mains finirent d’ailleurs par se mettre à l’action en tombant sur ses genoux et pour remonter lentement jusqu’à ses hanches, jusqu’à ce pantalon sur lequel je glissais pour finalement tirer d’un coup sec vers moi. Je n’étais pas du genre à me lover dans un canapé pour embrasser quelqu’un pendant des heures, je préférais des endroits moins conventionnel, plus excitant aussi. Si je devais laisser place à son désir et le nourrir autant le faire à ma façon. Alors une fois que j’eus réellement une prise, je le portai jusqu’a une desserte non loin. Faisant tomber les livres qui s’y trouvait, je le posais finalement mon bassin entre ses jambes. Le lâchant finalement, je m’éloignais un instant, juste le temps de retirer mon t-shirt pour le poser avec précision sur une chaise à porté de bras. Reportant mon attention sur lui, je laissais finalement mes doigts glisser sous son t-shirt pour y découvrir à l’aveugle son corps. Je n’avais envie que d’une chose là, c’était lui enlever et voir enfin ce que je désirais, mais je lui devais bien un peu de patience, ça serait mes excuse officielles qui se prolongèrent lorsque je retrouvais ses lèvres avec une envie plus palpable.

Je ne savais pas si l’alcool était derrière tout ça, mais il était certain que mes souvenirs de l’instant étaient quelques peu fossé. Je me souviens d’un t-shirt jeté aux sols, de ses lèvres devenu avide puis de son corps, parfait, se révélant sous mes doigts. J’avais vu des hommes passer dans mon lit, j’avais eu des étreintes, mais ce qu’il s’était passé dès l’instant ou nous n’avions fait qu’un dépassait toutes mes espérances, toutes mes expériences. Il m’avait épuisé autant que libéré et mon corps peinait clairement à s’en remettre quand il osa enfin briser le silence malmené par nos respirations. J’eus un sourire, léger, timide, exprimant ô combien il tenait parfaitement ce rôle parfaitement agaçant. Il n’était pas comme les autres, il savait ce qu’il voulait, il savait se donner et se braquer. Il avait une arrogance certaine qui aurait pu m’amuser si seulement il ne se trompait pas autant sur mon compte. Jeter quelqu’un comme lui dehors était loin d’être dans mes plans. Rare étaient les fois ou je pouvais vraiment affirmer avoir été satisfait pleinement par un partenaire et c’était le cas avec lui. L’extase était plus puissante que l’alcool, que n’importe qu’elle autre dépendance et il avait su la faire pulser dans mes veines. Alors je me levais, encore nu avant de me diriger vers mon armoir et passer un boxer et un t-shirt dans le plus grand des silences. Les mecs comme lui je les connaissais et le silence était la pire des tortures.

Disparaissant derrière la porte, je reviens quelques secondes plus tard avec nos deux verres et une bouteille bien amoché de whisky. Retrouvant ma place dans le lit, je m’adossais à mes oreillers avant de finalement briser le silence, « Je comptais plutôt te proposer un deuxième verre. », soufflais-je sans réellement proposer et en versant de l’alcool dans ces deux verres pour en déposer un à côté de lui avant d’abandonner la bouteille pour commencer à boire le mien, « Et pas mal pour un cérébral. », lui renvoyais-je. Si j’avais été mis dans cet état, il y avait fort à parier qu’il n’était pas dans une meilleure position et il y avait aussi fort à parier qu’il n’avait pas été épargné non plus. Il pensait me connaître, il était loin de la vérité. J’étais peut-être le genre d’homme à ne pas courir après les bons sentiments, mais lorsque je trouvais quelque chose d’aussi salvateur que ce qu’on venait de faire, j’avais tendance à vouloir en abuser. D’autant plus que j’étais bien plus détendu maintenant. « En fait j’avais plutôt dans l’idée qu’on attende de ne plus être dans cet état pour recommencer, mais si tu veux partir je ne te retiens pas. », n’étais-ce pas ce que lui faisait ? Mettre les mecs dehors ? Je n’en étais pas sûr, mais il était en tout cas le genre à porter un jugement assez rapidement sur les gens.

Tournant finalement la tête vers lui, je laissais mon regard s’égarer sur son corps, me rappelant avec une précision presque étonnante de chaque découverte, de chaque instant où l’on s’est découvert. Et chaque souvenir ramener avec lui un peu plus de réalité à ce qui venait de se passer. Ce n’était plus aussi vague, c’était réel à présent et l’impression irréelle prenait tout son sens. Nous nous accordions parfaitement et je devais reconnaître qu’à cet instant j’avais réellement envie qu’il reste, non pas car il m’était sympathique, loin de là, mais car son corps m’était réellement agréable et qu’il n’y aurait une sorte d’injustice à ne pas en profiter davantage.

Ca pouvait, mais ce qu’il venait de se passer revenait en boucle dans mon esprit et je n’étais pas franchement certain de savoir rester stoïque, mais pour le moment et biologiquement, ça serait ainsi. Il faudrait un peu de temps et quand bien même je n’étais pas le plus loquace, la discussion serait possible. Tournant la tête vers lui, j’allais lui donner le feu vert avant qu’il ne saute sur l’occasion et ne brise à nouveau le silence. Je m’en fichais pas mal de parler de moi, il n’y avait simplement pas grand chose à dire. Vidant mon verre avec une facilité déconcertante, mes sourcils se fronce légèrement lorsqu’il me juge tendu avant de craindre que cela cache une histoire visiblement difficilement supportable pour lui. Me servant un nouveau verre j’abandonne ce dernier et la bouteille je la posais table basse avant de m’allonger et de répondre avec une neutralité presque froide, « J’aurais dis mesuré, mais je suppose que je ne t’ai pas donné l’occasion de penser autre chose. », tournant la tête vers lui, je laissais mes yeux glisser sur son corps et presque aussitôt un frisson me secoua. Il n’y avait pas à dire, ce que nous venions de faire raisonné toujours dans mon corps et je n’étais pas prêt de l’oublier aussi vite. Au moins y avait-il quelque chose de réellement plaisant à sa présence, sa discussion n’étant clairement pas celle qui m’irait le plus. Quoi que ma journée avait été suffisamment pourri pour que mon jugement soit altéré, tout comme l’alcool qui coulait déjà suffisamment dans mes veines pour me priver de ce dernier.

« Je suis certain qu’être un militaire doit recéler nombres de justifications passionnantes, mais je suppose que c’est juste ma nature. », ça me fatiguait sans doute de devoir trouver une raison, mon travail n’était plus celui que j’avais rêvé étant jeune, la réalité m’avait marquée et elle pouvait continuer à me rappeler à elle à tout moment. Le monde n’était pas celui que j’avais cru, inutile de me bercer d’illusion, mais inutile aussi de le blâmer. « Je suppose que ce n’est pas la meilleur image que je pouvais donner de moi, mais je m’en fiche. », posant un bras sur mes yeux, je m’enfermais dans ma bulle, conscient que si le sexe avait réussi à me rendre un peu plus humain, je n’étais toujours pas le partenaire de discussion le plus intéressant du monde. « Parler de moi t’es primordial ? », demandais-je simplement. La moitié du temps les gens comprenaient quand on ne voulait pas parler, lu semblait être du genre à avoir besoin de parler, de connaitre l’autre. Peut-être est-ce que je me trompais, mais passer directement aux choses sérieuses ne semblait pas être dans ses habitudes  et sans doute que c’était tout à son honneur, mais je ne fonctionnais pas exactement de la même façon, pas quand j’étais aussi frustré, aussi usé par la vie et avec ce besoin vitale de me perdre dans les bras d’un autre. L’alcool m’aider à être un peu moins bourru parfois, la preuve étant sans doute cet après ou j’étais plus enclin à lui offrir ce qu’il désirait, mais c’était uniquement car j’avais eu ce que je voulais et que le plaisir pulsait encore dans mes veines au point d’en vouloir plus. J’étais plus à même de lui en donner plus, d’être plus humain, mais je ne serais sans doute pas aussi expansif qu’il ne l’aurait voulu, ou même souhaité.  

Il pouvait coucher avec n’importe qui, mais l’ennuie le prenait rapidement et il voyait ça comme une perte de temps. C’était à des années lumières du concepte même de coucher pour se faire plaisir, de se laisser aller, d’abandonner ses frustrations dans une étreinte parfois plus rythmé, mais toujours libératrice. Sans doute n’avions nous pas la même vision des choses, très clairement même, car je ne le voyais pas homme à se marier, comme moi, quelque chose cloché dans le paysage et ne répondrait jamais aux critères sociaux pour y arriver. Enfin du moins c’était ce que je pensais et je n’avais de toute façon pas la connaissance absolue de chaque chose dans ce monde. L’homme reporta finalement son attention sur moi, sur mon métier et imperceptiblement je me tendis. Les choses faisaient que parler de mon travail n’était réellement pas la chose que je préférais en ce moment et après un raisonnement qui semblait lui être uniquement destiné, il s'intéressa au pourquoi de la chose. Il y avait sans doute mille réponse à donner, mais je n’étais plus depuis longtemps le jeune adolescent passionné et prêt à tout pour démontrer pourquoi il avait raison de vouloir suivre cette voie. « Pourquoi tu as besoin de le savoir ? », demandais-je en guise de réponse alors que je plongeais mon regard dans le sien.

J’avais l’intention de lui répondre, mais je voulais saisir sa logique. « C’était ce que je voulais faire depuis que j’étais gosse. Je voulais être militaire. Maintenant que mon père en soit un, ou que j’ai une soeur à protéger en guise de justifications plus profondes… Tu en fais ce que tu veux. », je n’avais jamais aimé m’étendre sur moi-même en vérité, sans doute une pudeur que je gardais bien ancré depuis mon enfance. Ne pas dire ce qu’on était vraiment, l’être, mais ne pas l’imposer par respect, ça n’avait jamais été que mon homosexualité, mais bien l’ensemble de ma vie, la preuve étant, j’étais en chute libre et je n’allais certainement pas en parler à mes proches. Mes choix, ma vie, mes conséquences. « Qu’est-ce qu’il t’échappe dans ce choix de carrière ? », demandais-je simplement avant de décrocher mes yeux de lui pour retrouver mon verre que je vidais pour de bon. Je les connaissais les justifications du pourquoi l’on ne comprenait pas le choix. La mort, la solitude, le sacrifice pour un pays qui ne nous reconnaîtrait jamais. En vérité je pouvais cité tous les arguments qu’on pouvait me donner et trouver un sens et un non sens à chacun qu’entre eux, mais le véritable problème de ce métier était de savoir assumer les conséquence de ses actes, ce que je ne savais pas faire. Je n’étais pas responsable pour eux, eux seuls décidés, je n’étais pas responsable de leurs morts.Secouant légèrement la tête pour repousser tout ça au loin je jouais avec mon verre avant de capturer à nouveau son regard. « Tu avoues t’en foutre pas mal au point de pouvoir coucher avec n’importe qui, mais tu as besoin d’en savoir plus pour trouver ça excitant ? », j’avouais que son comportement m’échappait assez, il n’était pas entièrement une énigme, mais il y avait ces choses que je n’arrivais pas à assembler.

« Ton corps est excitant, ce qu’on vient de faire l’est aussi . », même plus que ça, au vu de comment mon corps réagissait à cette simple pensée, « Parce que connaître l’autre, au point de savoir ce qu’ils cachent, va quand même à l’encontre du sexe avec un inconnu . », il y avait très certainement de l’incompréhension dans tout ça, pas vraiment de jugement car j’étais très mal placé pour dire quoi que ce soit à quelqu’un en couchant presque tout le temps sous la pression et par manque de contrôle dans ma vie, mais c’était étrange et ça je ne pouvais pas le nier. Quoi qu’il en soit et bien que son corps demeure un appel trop assuré au sexe, cette discussion avait au moins eu le mérite de ramener un peu d’humanité dans mon esprit et ce n’était pas fondamentalement désagréable.

L’envie et non le besoin… L’homme commençait à apparaitre comme un parfait gamin capricieux, mais je répondis, mais il n’en avait pas assez et je ne comprenais pas pourquoi il en avait autant besoin. Alors je lui demandais, cherchant cette logique derrière tant de questions qui n’avaient rien à voir avec la situation actuelle. Mais pour lui ça avait un sens et il finit par m’arracher un sourire, sincère alors qu’il proposait un marché qui avait tout d’intéressant. Lui répondre pour lui faire plaisir et il s’engager à me rendre l’ascenseur. Ce qu’on venait de faire et la liberté qu’il avait apporté à mon esprit suffisait à me convaincre que quelques question ne serait pas de trop et de toute façon l’homme partie du principe que j’accepterais au vu de ses questions. Soit il était extrêmement arrogant au point de penser qu’il me serait impossible de résister, soit c’était réellement le cas et dans ce cas là j’allais devoir me montrer un peu moins expressif. Mon sourire mourut en même temps que mon amusement lorsque les mots finirent par m’atteindre. Avais-je toujours été comme ça ou être militaire m’avait rendu ainsi ? Puis pourquoi j’étais dérangé par ses questions, pourquoi avais-je besoin de sexe sans importance, pourquoi j’avais besoin de superficialité… Si j’avais été en étant de ressentir le moindre vertige, je serais présentement nauséeux, mais ce n’était pas le cas. Plus il demandait, plus je fixais le mur vide devant moi. « T’as de la chance d’être aussi attractif physiquement… », soufflais-je avant de me relever et de faire le tour du lit, « Je reviens. », juste le temps d’aller chercher une nouvelle bouteille pour succéder à sa petite soeur qui finirait par mourir.

« Je n’ai jamais été très optimiste, du moins je crois, je t’avoue que ce genre d’introspection sur mon passé m’échappe assez… », soufflais-je en le dépassant avant de rejoindre mon côté du lit et de me laisser tomber dessus, « Mais oui, je suis devenu comme ça quelque part au cours de ma carrière militaire. », je ne niais jamais que l’armée avait fait des dégâts, simplement, je n’en parlais pas. Je n’allais pas me lamenter alors que je refusais de porter la moindre culpabilité. « Et ça ne change pas grand chose qu’on parle de moi ou de toi, si j’avais été dans un meilleur jour peut-être qu’on aurait eu une discussion un peu plus profonde et avec un réel désir de séduction avant d’arriver dans mon lit, ou le tien d’ailleurs. » lui avouais-je sans mentir. Sortir dans des bars, rencontrer des gens n’étaient pas toujours ma tasse de thé, mais quand ça allait, dans les bon jours, je le faisais. Mais aujourd’hui, rien n’avait été et l’angoisse, ce noeud dans ma gorge m’avait privé de ce genre de soirée, me laissant seul chez moi à boire plus que je n’aurais du et à me rabattre sur une application pour espérer oublier un temps et retrouver un visage humain… Ce qui s’était plus ou moins passé dans ses bras.

Tournant la tête vers lui je repris, « Simple question, tu penses qu’il est utile ou respectueux de t’engager avec quelqu’un, d’avoir des projets d’avenir, d’adopter un chien par exemple ou de fonder une famille en sachant que du jour au lendemain tu peux être envoyé au front là ou t’a vie ne tiendra jamais plus qu’à un fil et ou tu peux laisser à tous moment une personne gentil, aimante dans l’ignorance, la peur ou la mort ? », me redressant pour tourner ma tête vers ma table de chevet, je finissais la bouteille dans mon verre en même temps que je continuais, « J’ai aucune envie de porter tout les malheurs du monde sur mes épaules et inutile de jouer au malin en soulignant qu’en étant pas militaire, je m’éviterais tous ce développement. Je le sais. », j’avais grandis dans une famille de militaire, je savais ce que ça impliqué. Revenant contre la tête de lit, je caressais mon verre du bout de mes lèvres, « Je suppose que ça soulève encore plus de questions à tes yeux ? », demandais-je avant de finalement boire mon verre avant de poser mon regard sur lui. Je n’étais pas plus animé, peut-être plus ouvert et agréable, mais je n’allais pas partir dans de grand discours après quelques questions, même si avouons le j’avais tout de même su décrocher plus que quelques mots. Quand bien même je voulais fonder une famille… Non, je n’en ressentais même pas le besoin. J’étais très bien comme ça et même si ces questions pouvaient soulever des points, ce n’était qu’une discussion, pas un procès voulant remettre en cause tout mon raisonnement. Je savais que chaque choix était discutable, mais je les avais fait et je préférais n’en regretter aucun.