Well... nice to meet you

Bon sang ce que paniquais ! Savoir ce check up pour Sunee, c'était l'anxiété numéro une. J'en mourrais d'avance, pour le coup. Je stressais, mais pour ma soeur, je voulais tenir le coup, et me montrer fort. En réalité, c'était un état fébrile qui me guettait : j'étais prête à sortir de moi pour la moindre petite broutille.
Maman avait fini par revenir à l'appartement, moi qui pensait qu'après son weekend prolongé chez notre tante, elle trouverait plus à même de vivre dans la dépendance de sa soeur que sur le canapé de ses filles, si c'était pas dans mon lit dès qu'elle avait un pet de travers. Et je le vivais mal. Sortir, ça nous faisait du bien à toutes les trois : Elle restait seule, et nous, on allait prendre l'air. Mais bon sang, ça ne pouvait pas être une sortie au parc, plutôt ?

Maman voulait avoir le beau rôle, et ne pas être mal vue dans leur histoire, mais papa avait bien une autre femme avec qui il vivait la moitié du temps, pourquoi est-ce qu'il lui laissait pas la maison, en fait ? J'en pouvais plus. Aliénée de tous les côtés, j'avais qu'une envie : me tirer, partir en Italie ou au canada pour me changer les idées, et ne plus voir personne. Enfin. Sauf Sunee.

Sunee. Elle semblait prendre la nouvelle de cette visite sereinement, plus que moi. D'habitude, c'était elle qui conduisait, mais vu mon état, j'avais eu besoin de prendre le volant. Ca me relaxait, de conduire. Je me sentais bien au volant de ma petite D8KZ. D8KZ, c'est ma petite Peugeot 108 prune et grise. J'avais économisé tous mes salaires d'étudiante, et contracté un prêt juste pour elle. Elle en valait la peine, souvent elle était ma meilleure alliée, surtout quand il s'agissait de partir à grandes enjambées de l'appartement. Mais là, elle servait surtout à amener Sunee fissa à son entretien : j'avais besoin de bonnes nouvelles. Et j'espérais sincèrement en avoir.

Garée, nous avions quitté la voiture, pour nous rendre dans l'hôpital, où j'avais attendu ce qui m'avait semblé une éternité, jusqu'à ce que Sunee et le docteur ne sortent et ne m'explique également ce qui en ressortait. J'étais triste, et me sentais assez mélancolique, défaitiste, même.« Et alors ? »demandais-je, un peu sur la défensive.« J'avais envie d'y croire quand même. »C'était peut-être égoïste, mais j'avais besoin d'entendre qu'elle irait bien, surtout avec tout ce qui nous tombait sur la tête. Et là, mon besoin n'était clairement pas satisfait. Je mettais la tête dans le thé qu'on venait de me commander à la cafétéria, en triturant le sachet. Bon sang ce que je voudrais être chez moi..

Et je ne savais pas si bien dire ! Ma soeur m'invitait à me tourner pour regarder une brune. Et mon coeur se serrait. Bien évidemment j'avais cru notre père quand il nous avait dit qu'il s'agissait d'une de ses nièces lointaines, jusqu'à ce qu'il nous avoue la vérité, et nous montre des photos de son enfant cachée, non sans honte ni sans faillir. Je m'appuyais sur la table de la cafet, et sifflais pour moi-même. « Y en a qui manquent pas de culot d'oser sortir de chez eux. »Comme si elle, elle y était vraiment pour quelque chose. Je soupirais, et me retournais vers Sunee en levant les yeux au ciel. « Viens on s'en va. » De toute façon, il n'y avait rien pour nous, ici.