First life problems

ft. Leah & Eli

Ah, rentrer des cours et poser son sac à dos, c'est toujours le meilleur moment de la journée... ou non, en fait, c'est retirer ses chaussures et aller se servir un verre de jus. Oui, voila, je préfère ça, parce que c'est pas parce que je pose mon sac que mes devoirs vont se faire tout seuls. Tout tranquillement, je me trainais jusqu'à la cuisine en voyant un mot de Jesse qui m'annonçait avoir été appelé pour une mission un peu urgente au boulot, ce qui signifiait qu'on ne le reverrait sans doute pas avant un petit moment. Hm, j'espère qu'il ne se blessera pas. C'était quand même dangereux, d'être sapeur pompier, il pouvait lui arriver n'importe quoi. Je suis d'ailleurs allé voir les statistiques à ce sujet sur internet et toutes n'étaient pas particulièrement rassurantes... par exemple, le nombre de personnes tombées de leurs machines à cause de petits chats coincés sur des bâtiments, étaient énormes. Vous imaginez, avoir la phrase « en mémoire de mon mari, mort en fonction pour la cause féline » écrite sur votre tombe ? Ca serait fun, quand même. On en a tout de même eu des belles, avec le travail de nos parents... des gens bien disloqués que je ne savais pas toujours comment arranger pour les présenter à leurs familles, tellement ils étaient en pièces détachées, mais des morts de chatons, jamais ça. « En mémoire de ma chère femme qui aimait beaucoup jouer aux puzzles ». Et en y pensant, j'eus un rire solitaire, tout en jetant la note de mon frère et en retournant au salon. Bon, allez, les devoirs de mathématiques m'attendaient. Ca irait vite, ce n'était pas compliqué... vraiment, contrairement à la littérature, cette matière logique et sans règles d'exceptions, sans la nécessité d'interpréter ce qu'on lisait, était de loin la plus accessible, alors je ne comprenais pas que les gens aient généralement autant de mal à suivre le professeur lorsqu'il donnait des explications.

Bref, une fois la dernière formule bouclée, je levais les yeux sur l'horloge murale. Toujours pas de Jesse... je pense que je vais faire le repas moi-même, il aurait à manger en rentrant, comme ça. Ni une ni deux, j'allais donc ranger mes affaires et mis un peu de musique en route avant de commencer à rassembler ce dont j'aurai besoin pour la préparation du diner. Généralement, c'est mon frère qui s'occupait de ça parce que j'étais un peu lent à la tâche... mais c'était plus fort que moi, si les légumes n'étaient pas découpés de manière symétrique, j'avais tendance à tout recommencer depuis le début. D'accord, il y avait le problème du gaspillage qui se posait là-dedans, mais du coup, je gobais toujours les restes inutilisables pour montrer que j'en faisais bon usage. Ce n'est donc que vingt minutes plus tard que tout fut prêt, bien placé dans des petits bols différents, comme dans les émissions de cuisine à la télévision, et alors que je m'apprêtais a sortir le wok pour faire cuir le tout... eh bien le manche me resta dans la main.

Oh non.

Qu'est-ce que je fais ? Je l'ai cassé ?

Qu'est-ce que j'utilise pour remplacer ça ? Une poêle ? Non, la cuisson ne serait pas pareille. Zut. Je ne savais pas comment préparer ça avec une poêle... ni une casserole... ni quoi que ce soit d'autre. Tout serait gâché, j'allais FORCEMENT rater le truc si je n'avais pas exactement les bons ustensiles ! Pour le coup, une vague de stress monta en moi directement et après avoir réfléchi à comment réparer l'objet, en vain, je me pris tout simplement la tête entre les mains en fixant le wok inutilisable au sol. Je devrais en racheter un, peut-être ? Non, je n'avais pas le temps d'aller dans les magasins pour ça... et si j'appelais ma mère pour lui demander son avis ? « Hnn... » Allez, je fais ça.

Et elle ne répond pas... mais c'est pourtant urgent, maman ! Bon, alors euh... réfléchissons... il y avait forcément une solution. Et si... si un voisin pouvait me dépanner ? Il y avait de grandes probabilités pour que quelqu'un possède ce qu'il me fallait, ici, hein ? L'immeuble était suffisamment grand pour ça. Ouais, allez, je tente ma chance.

Pieds nus, je sortis donc de l'appartement comme un petit animal sauvage quittant pour la première fois le terrier, puis choisis l'une des deux portes adjacentes après un bon moment passé à me demander laquelle semblait être la plus accueillante. Essayons la 32. Grande inspiration, et puis je me mis à toquer à plusieurs reprises pour m'assurer que s'il y avait une personne là-dedans, elle m'entendrait, mais pas en exagérant non plus. Cinq coups, ça me semblait bien. Je vous en prie, aidez-mouah... !

First life problems

ft. Leah & Eliott

Je ne m'étais pas sentie super bien le matin en me rendant à l'association. C'est pourquoi, tous mes collègues, argumentant que j'étais bien trop blanche pour tenir debout, m'avaient vivement ordonné de rentrer chez moi. Même en étant la cofondatrice de l'association, je n'avais pas rechigné, ressentant moi-même la fatigue que mon corps subissait.
J'étais donc rentrée, m'étais remise en pyjama, avais sorti une couverture, et m'étais affalée sur mon canapé, profitant que mes colocataires n'étaient momentanément absent. Cependant, celui qui occupait un peu trop mes pensées et qui dormait dans la chambre à côté de moi rentra plus tôt que ce que je ne le pensais et il ne put s'empêcher de me faire une réflexion.
'Les givres de la haine, sérieusement?'
Je m'étais contenté de lui tirer la langue. J'avais eu l'occasion de rattraper toute la saison avec la VOD, je n'étais pas près de la laisser passer. Non pas que j'aimais particulièrement cette série, mais elle me faisait passer le temps sans m'agacer ou me donner de migraine. Puis parfois, c'était aussi un très bon somnifère quand l'intrigue se ramollissait subitement. Il s'était contenté de rire, prendre quelque chose dans sa chambre, de m'adresser un dernier regard et de s'en aller. Mon coeur s'arrêta subitement. Je détestais quand il faisait ça.
Pas moins de vingt minutes plus tard, quelqu'un tapait à la porte d'entrée. J'étais prête à rire au visage de mon colocataire qui avait oublié ses clés avant de me rendre compte que ce n'était pas lui.
Habillée comme une chaussette avec ma veste trois fois trop large, je me dis subitement que, décidément, mes voisins du 31 ne me voyaient décidément jamais habillée correctement lorsque l'un venait taper chez l'autre. À contre coeur à cause du sac auquel je ressemblais -même si cette fois, j'étais encore coiffée d'une queue de cheval quasi intacte- j'ouvrais la porte.
« Oui? » demandais-je alors, sans même dire bonjour en voyant la nervosité de mon petit voisin.