Moment de calme au travail, le restaurant allait bientôt fermer pour une bonne semaine, au titre des vacances d'été. C'était, chaque année, un moment de détente pour Sullivan qui profitait pour être avec sa famille, passer du temps avec ses enfants. Parce que désormais, il n'avait plus que Lauren à la maison, les deux grands avaient déjà fait leur nid, quand bien même la porte leur serait toujours grande ouverte s'ils avaient besoin de quoi que ce ne soit, des soucis d'argent, ou besoin pour quelque raison, de revenir habiter momentanément à la maison de famille. La vérité, c'était que Sullivan ne voyait pas du tout comment il allait passer son temps sans les disputes avec ses enfants -surtout celles avec Lauren le jour où elle se déciderait à partir- et qu'il n'était pas prêt à les laisser s'en aller. Papa poule jusqu'au bout des ongles, il les avait vu grandir, s'était occupé seul d'eux, et, tout bêtement, il avait du mal à se dire qu'ils n'avaient plus besoin de lui.

Mais que ce ne soit Oliver ou Sierra, l'un comme l'autre essayaient de passer du temps avec lui. Et c'était tant mieux, il en était toujours ravi. Avec ses fiançailles, et sa petite vie qui se dessinait de plus en plus clairement, il n'avait pas eu l'occasion de voir son aînée dans l'année. Elle était très peu passée au restaurant, et il comprenait totalement. Surtout qu'elle devait se trouver un boulot, un vrai, alors il espérait bien qu'elle ne vienne pas passer son temps libre à bosser dans la comptabilité, encore et encore. C'était certainement la première année depuis que Sierra faisait des études de gestion qu'il s'était trouvé à faire ses papiers tout seul. Et c'était bien comme ça, ça lui apprenait l'autonomie et à ne pas dépendre des capacités de sa fille. Mais ce n'étaient pas ses compétences en comptabilité qui lui avaient vraiment manqué, mais bel et bien sa petite Sierra... devenue grande.

Imaginez-vous la joie qu'il avait ressenti quand elle lui avait annoncé être disponible, et qu'elle aurait aimé le voir, pour qu'ils passent du temps ensemble. S'il avait pu sauter au plafond, il l'aurait fait. Bien sûr, il aimait tous ses enfants de la même façon. Mais il voyait si peu la plus grande qu'il était enthousiasmé comme une puce de la voir. Comme il faisait beau, il aurait été dommage de se voir à l'intérieur de la maison. Alors, comme il savait qu'il y avait un évènement autour des cocktails, puisque le restaurant avait participé à la confection de mets à déguster comme accompagnement, il lui avait proposé de se retrouver là-bas.

Vu la chaleur, il était content de ne pas avoir lui à faire à manger, de ne pas se retrouver en plein après-midi, sous un soleil qui les aurait meurtris, et ils pourraient profiter de l'air frais du soir, avec un peu de musique. Finalement, c'était une super idée. Dont il éviterait de se vanter. Arrivé sur la place, il chercha des yeux sa fille, avant de la voir, un peu plus loin. Parfait, elle était déjà là. L'avantage avec Sierra, c'était qu'elle ne lui avait jamais donné pour habitude de le faire attendre. Une qualité que ses frère et soeur avaient un peu moins. Mais à chacun leur charme ! Il s'approcha de sa fille, et la prit dans ses bras pour la saluer, en déposa un baiser sur son front. « Ah, ça fait du bien de te voir. Ca me fait plaisir que tu m'aies appelé ! »

Le temps passé à une vitesse folle, depuis l'annonce de mes fiançailles j'étais très occupé. Plus beaucoup de temps à consacrer au restaurant familial avec mon nouveau job. Et il faut être honnête, ça m'avait fait du bien, me détacher un peu et penser à moi avait été nécessaire. Dans tout ça mon père et ma famille m'avait beaucoup manqué et je profitais d'un petit moment de libre pour lui proposer de se voir. Ce qu'il y a de génial avec mon père à moi, c'est qu'il était toujours là quoi qu'il arrive et qu'il n'était ni étouffant ni absent. Pour moi il était le meilleur père du monde, un papa parfait et personne ne lui arrivait à la cheville. Je m'étais rendue compte avec l'âge que j'avais beaucoup de chance d'avoir un père aussi formidable dans ma vie, ce n'était pas le cas pour tout le monde. Il avait tout fait pour compenser l'absence de notre mère.

Je me préparais pour être jolie, j'avais envie qu'il me trouve belle. Je laissa un petit mot sur le plan de travail de la cuisine à Emrys, qu'il ne m'attende pas pour manger. Avec le stresse des préparatifs, j'étais un peu enclin aux doutes et j'avais besoin des conseils avisés de mon paternel. Toujours très ponctuel, il n'était pas question de le faire patienter encore moins sous une chaleur pareille. Je cherche du regards mon père avant de le voir et lui faire un grand signe de la main avec un sourire rayonnant. Je le pris dans mes bras, j'avais l'impression de redevenir petite fille. Le seul endroit où je me suis toujours senti apaisé et en sécurité c'était dans ses bras. « Tu m'as tellement manqué ! Qu'est ce que ça me fait du bien de te voir. » je me détache un peu de lui et le regarde, il a l'air d'être en forme. Je m'accroche à son bras et enchaîne « Excuse moi de ne pas avoir appelé plus tôt. Alors papa, comment vas-tu ? » Nous marchons ensemble au milieu de cette foule, je continuais d'être accroché à son bras tandis que j'observais les stands autour de nous.

Se changer les idées, c'était tout ce à quoi il avait aspiré. Un grand moment de fraicheur dans sa vie, d'autant plus qu'il allait revoir un de ses enfants, qu'il n'avait pas vue depuis longtemps. Son véritable bonheur reposait dans le fait de les avoir tous avec lui. Mais désormais, c'était plus compliqué. Il se contentait de se réjouir de les voir heureux dans leurs vies respectives. Et c'était quelque chose qui était assez simple.
De toute façon trop vieux désormais pour supporter les chamailleries entre chacun d'eux, il s'était fait totalement à l'idée de ne les voir réunis que pour Noël et son anniversaire. Au moins, il évitait le drama familial. Même s'il espérait que ses deux filles acceptent de se parler, et de se considérer comme des soeurs plutôt que comme des ennemis. Avait-il seulement le choix ? Non, puisqu'il ne les forcerait jamais à s'entendre. Le fait qu'elles aient vécu ensemble en se disputant tout le temps lui avait semblé plus dur vis à vis d'elles deux qu'autre chose.

Et puis, il fallait dire que c'était l'occasion pour passer un moment à ne consacrer qu'à un seul de ses enfants. Et ce soir-là, c'était à Sierra ! Il l'avait retrouvée sur la place, et était ravi de voir son ainée. Bon sang ce qu'elle lui avait manqué. Est-ce qu'elle n'avait pas grandi ? Non, impossible à son âge. Pourtant,il avait l'impression que ce n'étaient pas les talons qui le faisaient voir de travers, et lui donner cette sensation peut-être faussée.« Tu m'as manqué aussi ! » fit-il remarquer, quand bien même il ne le disait pas souvent. Il ne mettait pas souvent de mots sur ses sentiments, préférant les montrer par des actes que par des mots qui parfois n'étaient pas assez forts, ou pouvaient être si vides de sens.
Mais parfois, ça ne faisait pas de mal.

« Ne t'en fais pas, je peux totalement comprendre. » Parce que même si ça s'était mal fini, lui aussi avait déjà vécu un mariage. Et les préparatifs. Et il savait ô combien ça pouvait être compliqué. Encore plus aujourd'hui, qu'il y avait toujours plus d'attentes et de possibilités pour chaque éléments. « Ecoute, ça va. J'ai hâte de partir un peu prendre des vacances. Même si je pense rester ici. Au moins, si tu as besoin d'aide, je serai là ! Et toi, alors, ma grande ? ça va ? Les préparatifs avancent comme tu veux? » Il n'avait pas eu trop d'informations, et ne savait même plus ce qu'il en était. C'était l'occasion ou jamais de reprendre le train des informations.