Parler était sans doute la pire des choses à faire en cet instant, ca ramenait tout au premier plan, ca me rappelait aussi que malgré tout ce que j’étais en train de dire, de répéter, il y avait des réalités que je ne pouvais pas assumer, à commencer peut-être par ces mensonges, à combien j’avais manipulé mon monde pour essayer de m’en sortir. Ce n’était pas encore net dans mon esprit, mais il n’était là par hasard, je refusais à bien des niveaux cette séparation, elle me bouffait, me pousser à être une pire version de moi-même et j’étais en chute libre. Pourtant il restait là, face à la vérité de mes peurs, de mes faiblesses, il restait là, il ne me tournait pas le dos et c’était terrifiant. La faiblesse n’était pas forcément synonyme d’échec ? Ou l’inverse, je ne saurais pas trop dire. Me prenant dans ses bras, il affirmait qu’il ne me lâcherait pas, que je n’étais pas fou, ça il en était sûr et pourtant, si il voyait l'étendu de mes pensées, en serait-il encore convaincu ? On ne pouvait pas me reprocher cette guerre, ce n’était pas ma faute, rien ne l’était. Je n’étais pas un problème.

Si à l’instant même où je m’étais engagé j’avais eu quelqu’un pour me tenir ce genre de discours ? Aurais-je fait les mêmes choix ? Aurais-je sombré dans tous les vices ? Dans toutes les folies ? Alors je ne dis rien, m’accrochant seulement à lui à cette proximité, comme si elle pouvait encore changer quelque chose. Et j’eus cet espoir, il m’invita dans son lit, me laissant m’y coucher avant de se lover dans mon dos pour m’emprisonner une nouvelle fois dans ses bras. Il ne m’arriverait rien cette nuit, il s’en assurerait… Je voulais bien en douter, mais je savais combien il était vrai qu’accompagné, cela se produisait moins, mais de là à dire jamais… Nos dernières semaines en était la preuve. Alors je me contentais d’y croire, juste d’y croire. Essayant de me calmer, j’étais seulement en train de retrouver un semblant d’équilibre lorsqu’il me demanda de parler de ce psy, de ce à quoi il ressemblait, si il avait l’air sexy et là… Des images tout sauf décente me traversèrent l’esprit, me rappelant un peu plus à quel point j’étais malade, « Il te ressemble un peu. » soufflais-je la voix cassé, mais conscient de cette réalité. Ce n’était peut-être pas exactement pour rien que je l’avais choisi… Il devait servir mon délire, mon désir profond de reprendre possession de Will… C’était ça mon objectif et… Je ne me reconnaissais définitivement plus.

« Il a l’air désabusé, ou dépressif, j’ai pas demandé, mais il a l’air d’avoir lui aussi des choses à régler... » ajoutais-je en sachant parfaitement à quel point cet homme aussi était en chute libre. Qui coucherait avec un patient sans ça ? « Je lui mens... » avouais-je alors, le coeur lourd, tout ce que je cherchais à fuir me revenant, m’étouffant… Je voulais vraiment continuer dans ce délire… « Je suis malade... » murmurais-je au lieu d’avouer que je mentais aussi à Will, que je n’étais plus que l’ombre d’une humanité… Comment j’avais pu… Comment j’avais pu chuter à ce point ? Comment j’avais pu refuser de m’en sortir avant ? Ce moment de lucidité ne serait peut-être pas permanent et pourtant, comme ce cauchemar, il me tétanisait.

“Burn it down” Le moment n’est vraiment pas au rire et Will regrette celui qui lui échappe presque immédiatement. D’autant que ça n’a rien de drôle, dans le fond. De tous les psy qu’il doit y avoir dans cette ville, Aiden aurait réussi à en trouver un qui lui ressemble, sérieusement ? “Je suis sûr qu’il ne me ressemble pas tant que ça, mais si c'est vraiment le cas, alors il doit être super canon.” souffle-t-il, loin de se douter de ce qui se passe dans le crâne du soldat. Ça lui semble juste impossible que ce soit vrai. Aiden voit seulement ce qu’il a envie de voir, voilà tout. Ils viennent à peine de rompre, c’est difficile de tourner la page et on se raccroche à chaque petit détail. Will a bien craqué sur un type sans arrêt mal luné et aux yeux bleus, pas vrai ? Oui, maintenant qu’il y pense, ce n’est peut-être pas totalement innocent, en fait. Il espère seulement pour Aiden que ça ne l’empêche pas de prendre sa thérapie au sérieux.

Malheureusement, le soldat ne tarde pas trop à réduire cet espoir à néant. Dans son dos, Will pince les lèvres. Il veut sincèrement que tout s’arrange pour Aiden, même s’il a de mieux en mieux conscience de la difficulté. Ça ne veut pas dire que c’est impossible, pas vrai ? Sauf, bien sûr, s’il préfère mentir à son psy plutôt que d’essayer. “Crois-moi, on a tous un truc qui cloche.” Pas au même niveau, évidemment. “T’as pas le monopole de la folie. Demande à ton psy, tu verras. Pas étonnant que ce pauvre homme soit complètement dépressif, avec tous les clients qu’il doit voir tous les jours…” Il dit tout ça dans l’espoir de rassurer un peu le soldat, mais ce à quoi il pense vraiment c’est sur quel sujet exactement Aiden lui ment. Pourquoi il le fait, c’est presque plus facile à comprendre, quelque part. On ne peut pas l’accuser d’être très ouvert. Il n’a jamais vraiment laissé Will entrer dans sa vie, pas sans que ce dernier ne doive se battre bec et ongles et même comme ça. Alors un complet inconnu ? Avec lequel il ne peut même pas coucher ?

“Pourquoi tu lui mens ?” ose-t-il demander, presque timidement. Il n’a pas envie de devenir le thérapeute d’Aiden, tout ce qu’il veut c’est qu’ils tournent tous les deux cette page et reprennent leur cours de leurs vies. “Et sur quoi, au juste ?” Vraiment, il a besoin de savoir, c’est maladif. Il n’a pas envie de sauver Aiden, mais ça ne l’empêche visiblement pas d’essayer, aussi agaçant cela soit-il. “Tu le fais pour toi, tu sais… Lui, il s’en fout de ce que tu racontes. Il est payé pareil à la fin. T’as besoin d’aide et lui, au moins, il a ni le droit de te juger, ni de tout répéter à ses potes à la fin de la journée, alors profite.” Ça parait simple quand il le dit, mais ça ne doit pas l’être tant que ça. Sauf qu’une fois de plus, ça prouve juste ce que Will savait depuis bien longtemps. Qu’il ait une bonne raison ou non, Aiden refuse de laisser sa chance à qui que ce soit, même pas à un type qu’il paye pour s’intéresser à lui. Il se garde bien de dire quoi que ce soit qui aille dans ce sens, cela dit. Les disputes, ça faisait partie de leur relation, pas de… ce truc qu’ils font maintenant. Difficile d’appeler ça de l’amitié vu leur position - littéralement - Will n’a jamais été si proche d’un seul de ses amis, mais bon… plus rien ne l’oblige à supporter les mauvais côtés d’Aiden, pas vrai ? “En plus, s’il me ressemble… ça veut dire que tu peux te rincer l’oeil en même temps.” ajoute-t-il, d’un ton un peu plus léger. “Aucun type qui me ressemble même vaguement ne doit être désagréable à regarder pendant une heure !”

 

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Il était si loin de comprendre, si loin de savoir à quel point c’était vrai, à quel point c’était difficile de se faire soigner par un mec comme lui et à quel point j’avais déjà déconné. Pour lui c’était normal d’avoir quelque chose qui cloche, mon psy en était même la preuve et je n’étais pas le seul. Seulement étais-je le seul à mentir, à coucher avec lui pour détourner l’attention, à manipuler, à être obsédé par quelqu’un au point d’avoir l’impression de ne vivre que dans l’espoir de l’avoir à nouveau ? J’en doutais, comme je doutais qu’il puisse entendre la vérité. Il voulait savoir, ça n’était même pas si étonnant. Il voulait savoir pourquoi je mentais, sur quoi je mentais, mais c’était visiblement pour m’aider, car lui serait toujours payé, mais autant m’aider non ? « J’ai couché avec. », soufflais-je en me redressant finalement. Le plus gros secret, la seule façon que j’avais eu de m’en sortir, c’était de coucher avec lui, « J’ai préféré mettre tout mon énergie à coucher avec lui plutôt qu’à assumer mes problèmes. », continuais-je en glissant ma tête entre mes mains. C’était stupide, terriblement, « Et je lui mens car je peux pas assumer tout ce que j’ai fait, ce que je suis devenu… J’étais pas comme ça et là... » la gorge nouée, je ne pouvais pas lui dire, pas aujourd’hui, pas quand pour la première fois depuis longtemps, on partageait quelque chose.

« Je me voile la face sur mon implication dans notre rupture et dans ma capacité à avoir passé le cap. », c’était sans doute le plus que je pourrais lui dire, « Enfin je me voilais... », ajoutais-je dans un instant de faiblesse, dans un aveux que je ne pensais pas pouvoir faire, « Je te voyais parfois en ville, t’as l’air tellement mieux sans moi. », continuais-je sans avouer que ça me rendait fou, je ne lui en disais pas plus, vraiment pas.

« Je parle même pas de l’armée alors que c’est le vrai problème. » ajoutais-je finalement. La vie, les collègues, lui, oui, mais pas ce qui s’était passé sur le front, pas ce que j’avais du faire. Pas la vérité. Jamais il n’avait entendu ce que j’avais dit à Will ce soir, jamais, « J’en ai parlé que ce soir… J’ai l’impression d’être... » hors contrôle, un échec, une honte… Loin de ce que j’avais vraiment voulu et je restais persuadé que Will serait le seul à me faire avancer, le seul à me faire devenir quelqu’un de bien. C’était lui la clé, dans mon délire comme dans la réalité.

“Burn it down” Will fait de son mieux et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas évident pour lui. Il n’est jamais resté assez longtemps dans les parages pour entretenir la moindre relation avec un ex, il n’en a même jamais eu envie d’ailleurs. Ce n’est toujours pas le cas, s’il est là ce soir, en train de jouer au mec compréhensif et attentionné, c’est uniquement parce que Aiden ne lui a pas laissé le choix. Et quand le soldat admet qu’il a couché avec son psy, qu’il a préféré faire ça plutôt que de lui parler de ses problèmes, autant dire que le chercheur voudrait plus que tout n’avoir jamais répondu au téléphone tout à l’heure. Dans le fond, ça ne le concerne même pas, qu’Aiden s'envoie en l’air avec son psy, qu’il persiste à vouloir gâcher sa vie de toutes les manières possibles et imaginables. Il s’en fout, clairement. Il n’est pas jaloux, à part peut-être du fait que le soldat ait pu se taper quelqu’un au cours des dernières mois, alors que Will est à la diète et que le seul type qu’il veuille lui semble légèrement inaccessible, mais ça ne va pas plus loin. Il n’en reste pas moins furieux d’apprendre la nouvelle et, imitant l’homme bien malgré lui, se redresse à son tour, pour passer une main lasse sur son visage.

Il ne sait pas ce qu’il doit répondre à ça. Même les parties les plus… plaisantes ? Ce n’est pas tout à fait le bon mot, mais ça lui fait quand même un certain bien d’entendre le soldat reconnaître que son comportement a eu un impact non négligeable sur l’échec de leur relation. “Tu sais quoi, Aiden, tu devrais commencer par arrêter un peu de considérer le sexe comme un moyen d’échapper à tes problèmes. Je comprends pas pourquoi t’utilise quelque chose d’aussi génial d’une manière aussi malsaine.” Pourtant, on ne va pas se mentir, Will est le premier à vivre sa sexualité de manière parfaitement libérée. Seulement, pas comme ça. Pas pour se faire du mal, faire du mal aux autres, ou s’enfoncer la tête dans le sable. “Je sais pas ce qui t’est arrivé pour que tu vois le sexe comme une punition plus que comme un plaisir, mais tu devrais peut-être parler de ça avec ton psy. À qui on devrait retirer sa licence, au passage.”

Et aussitôt, elle revient au galop, cette culpabilité qui le prend aux tripes depuis un peu trop longtemps à son goût, qui se réveille chaque fois qu’Aiden et lui passent deux minutes ensemble depuis des mois… Il se sent horrible, horrible de ne pas être à la hauteur, de ne pas être le type parfait qui peut sauver son petit soldat torturé avec quelques mots cajoleurs et un peu d’amour. Pourtant, il n’en manque pas. Il en a revendre, de l’amour et il en a donné autant que possible à Aiden. Sauf que ça ne suffit pas. Il a essayé tout ce qu’il a pu, mais le soldat n’a jamais voulu lui laisser une chance. “Je sais pas comment t’aider, je suis désolé. Je voudrais en être capable, mais j’y arrive pas. Je sais pas quoi te dire pour te convaincre que t’as aucune raison de te reprocher je ne sais quelle horreur qui s’est passée pendant que tu faisais la guerre. Je sais pas comment te prouver que cette vie vaut la peine qu’on se batte pour elle et que t’es en train de tout foutre en l’air.” Et pourtant, Dieu sait qu’il le voudrait. Même maintenant, alors qu’il a toute cette conversation contre son gré. S’il y avait une formule magique pour tout arranger, il serait le premier à essayer de la lancer, encore et encore jusqu’à obtenir un résultat.

“Et tu te trompes, je suis pas plus heureux sans toi, je suis juste plus heureux avec moi-même.” reprend-t-il. Il n’est même pas en colère, ni d’apprendre qu’Aiden continue de faire n’importe quoi malgré ses promesses, ni même de découvrir que le soldat l’a observé contre son gré. Tout ça l’exaspère juste trop pour qu’il se mette en colère. “J’ai passé des mois à croire que j’étais pas assez bien pour toi, pas assez bien pour qui que ce soit d’ailleurs. Tu m’as fait ça, chaque fois que t’as refusé de me laisser une place dans ta vie, chaque fois que tu m’as rabaissé ou humilié au lieu de me donner une chance. Ça m’a complètement flingué et j’ai pas envie de passer le reste de ma vie à pas pouvoir supporter mon propre reflet dans le miroir. Et tu devrais pas vouloir ça pour toi non plus. Tu changeras pas le passé, mais t’as le droit d’arrêter de vivre dedans et toi aussi tu seras plus heureux quand tu l’auras compris, tu verras.” Le seul mystère, c’est de savoir ce qui peut permettre à Aiden d’avancer et pour ça, Will n’a pas la réponse.

 

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Si seulement c’était aussi simple, du sexe pour échapper aux choses, mais c’était simplement pour ressentir un truc, pour combler un vide. Ce n’était jamais suffisant, mais quand parler ne mener à rien. Dans un sens c’était peut-être bien une fuite, mais c’était vraiment plus complexe. Quoi qu’il en soit, comme pour l’alcool, j’avais quelque chose à régler avec ça, mais au moins Will réussit à arracher un rire amer quant à la licence de l’homme. Il n’avait eu aucune chance, pas sûr qu’il y soit pour grand chose, je n’avais laissé que très peu de chance à l’homme.

Il s’excusa de ne pas pour aider, de ne pas en être capable. Il n’y avait rien de ce que j’avais fait là bas que je pouvais me reprocher. Si il savait, j’avais été si… J’avais été si loin, trop sans doute. Pour lui je devais me battre pour la vie, pour ne pas la foutre en l’air, pour la vivre et être heureux, pour avoir une chance et le droit d’en profiter. C’était compliqué, et ça le fut d’autant plus avec son aveux suivant, avec des mots qui me saisirent le coeur et me laissèrent un instant silencieux.

« C’était involontaire, je voulais pas... », sur ce point là, je savais que ca avait été involontaire, jusqu’à ce que les vrais disputes éclates, jusqu’à ce qu’il ne veuille partir et que la rage me face l’écraser juste pour qu’il reste, juste pour qu’il n’essaie pas de trouver mieux ailleurs. Mais entre la colère et l’entendre dire ces choses aujourd’hui… Ca secouait, ça me faisait réaliser peu à peu jusqu'où je pouvais devenir un monstre. La pire facette de ma personnalité était là et il le disait enfin, tous les dégâts que j’avais causé. « Crois moi, c’est plus facile de penser tout ça que de s’en convaincre… J’ai jamais échoué jusqu’à mon entrée dans l’armée et après… J’ai jamais rien réussi, j’ai... » je continuais, encore et encore et ça n’avait rien de bon, « Faut que je quitte l’armée, faut que je trouve quoi faire, je peux pas continuer… Sinon je vais vraiment finir mort dans un appartement car j’étais trop bourré pour en sortir. », ça voulait peut-être aussi vraiment tirer un trait sur Will ça ? En étais-je capable ? Je n’étais pas certain. Vraiment pas. J’avais besoin de plus de temps pour faire certains deuil.

« Ca va mieux ? » demandais-je finalement, la première vérité absolue, la première vrai interrogation en des semaines et des mois. Il n’était plus question de savoir si je pouvais l’avoir, mais si il avait réellement réussi à un peu progresser, « Pas être heureux, mais l’image que t’as de toi... » concluais-je, comme pour lui signifier que j’avais entendu, compris, que les dégâts avaient été fait.

“Burn it down” Si Aiden veut quitter l’armée, ce n’est pas Will qui va l’en empêcher. Il se contente d’un regard en coin, ne laissant pas échapper le moindre son. Ce ne sont pas ses affaires, mais il est plutôt d’avis que c’est exactement ce que devrait faire le soldat, même si ça lui semble loin d’être suffisant. Il faut bien commencer quelque part, n’est-ce pas ? Si Will finit par laisser échapper quelque chose, ce n’est qu’un geste : une main sur l’épaule de l’homme, une légère pression. Un encouragement silencieux qui ne dure pas bien longtemps avant que ses deux mains ne reviennent se poser sur ses genoux. Il hésite à dire quelque chose, mais le soldat ne lui en laisse pas vraiment l’occasion. Et honnêtement, c’est bien la première fois que le chercheur a l’impression qu’Aiden lui demande comment il va en voulant vraiment entendre sa réponse. Dommage que ce soit aussi la seule fois où il ne sache pas quoi répondre. Il baisse le regard sur ses mains et essaye d’y réfléchir sérieusement. Est-ce qu’il va bien ? Mieux. Est-ce qu’il arrive mieux à se regarder en face aujourd’hui qu’il ne le faisait il y a quelques mois ?

“J’en sais rien.” souffle-t-il au bout d’un moment. C’est presque plus fort que lui : Lane lui saute immédiatement à l’esprit et… Eh bien, c’est la seule preuve dont il ait besoin, pas vrai ? “Pas vraiment.” admet-il, difficilement. Il n’a pas à se plaindre d’un traumatisme horrible comme Aiden peut le faire. Au fond, il n’a pas l’impression d’avoir la moindre raison de se sentir comme il se sent. Malheureusement, ça ne change rien du tout. Et est-ce qu’il peut vraiment parler de ça avec Aiden ? Probablement que non et il le sait. “J’ai rencontré quelqu’un.” Il sait que c’est une mauvaise idée, il sait qu’Aiden risque de très mal le prendre, de ne pas vouloir entendre ça, seulement à qui peut-il en parler exactement ? Et lui, il est là. Ce soir, il a été jusqu’à accueillir le soldat dans son lit pour lui apporter un peu de soutien. Il a bien le droit d’en demander aussi, non ? C’est à ça que ça sert, les amis. “C’est pas… On est pas vraiment ensemble, ni rien, c’est juste… Je l’aime vraiment beaucoup et chaque fois qu’il tente un truc, je flippe comme un putain d’ado débile.” Maintenant qu’il le dit à voix haute, ça lui semble encore plus crétin. Ça l’étonne même que tout ça ne soit pas fini depuis des semaines, en fait. Il sait qu’à la place de l’étudiant, il n’aurait pas la même patience. “J’arrête pas de penser à tous ces trucs que tu m’as dit, de me demander si c’est pas la vérité. J’ai pas envie de l’embarquer là-dedans et j’ai pas envie de juste… arrêter de le voir. Alors…” D’un haussement d’épaule, il résume le ridicule de sa situation. Non, il ne va pas mieux. Ça s’arrange un peu chaque jour, mais pas encore au point qu’il se sente prêt à se lancer dans une nouvelle relation.

“Je sais que t’es pas le seul à avoir tout foutu en l’air entre nous, Aiden. Crois-moi, je le sais très bien.” Peut-être qu’ils n’étaient tout simplement pas fait pour être ensemble. Peut-être que c’est aussi simple que ça. Ou bien, tout ce qu’Aiden lui a dit est la vérité et il est aussi bien tout seul. Il voudrait seulement se décider enfin à ce sujet et passer à autre chose. “J’arrive juste pas à comprendre comment on peut détruire quelqu’un qu’on aime comme ça. Ça me prend la tête depuis quatre mois.” Il lâche un genre de rire avant d’oser enfin relever les yeux vers le soldat. “Et évidemment, j’ai pas de psy avec qui m’envoyer en l’air pour passer le temps. Même si je suppose que je le ferais pas, même si tu me filais le numéro du tien. Ça fait des mois que j’ai rien fait avec personne, tout ça pour les beaux yeux d’un mec avec lequel je suis à des kilomètres de conclure… Alors je sais que ton appart a brûlé et c’est horrible, mais franchement être fidèle à un mec avec qui je suis même pas, c’est cent fois pire tu dois bien l’admettre !” Pas sûr que son humour parvienne à toucher le soldat, mais c’est le mieux qu’il puisse faire à l’heure actuelle pour détendre un peu l’atmosphère.

 

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Tout ça pour ne pas savoir, il n’avait aucune idée de si ça allait mieux, de si il allait tout simplement… J’avais fait ça ? J’avais tellement détesté l’idée qu’il parte, encore plus celle qu’il puisse me tromper, enfin être avec quelqu’un qu’à cet instant, je réalisais un peu plus les dégâts et le coup de massue vient quand il me parla de ce conna… De ce mec qu’il avait rencontré. Il m’en parlait, à moi, alors qu’il avait toutes les raisons du monde d’éviter tant je pouvais exploser et j’avouais que l’envie de lui dire que je savais et que j’en avais rien à foutre me traversa l’esprit. Mais en avais-je réellement rien à foutre ? Non, sinon ca ne m’atteindrait pas, la vérité c’était simplement que je voulais une chance que je n’aurais jamais et que je refusais de perdre Will alors que c’était déjà fait. L’autre réalité c’était qu’il en parlait à moi, et dans un sens, avec ce qu’il venait de me dire, est-ce que j’avais le droit de réagir ? Je ne me serais sans doute pas posé la question si l’horreur de la nuit ne m’avait pas offert un peu de lucidité, si je n’avais pas de nouveau le besoin de le détruire pour m’avoir atteint, mais là. Juste là j’en étais incapable. Alors je ne dis rien, certes j’étais un peu figé, mais je l’écoutais me raconter une histoire qui semblait presque ridicule tant il m’avait habitué à autre chose, tant je ne l’imaginais pas comme un ado débile.

Au final, il avait fini par croire que ce que je disais était vrai, il pensait avoir foutu en l’air notre relation sans comprendre comment on pouvait détruire quelqu’un qu’on aime. Essayant alors de faire de l’humour sur sa situation, je finis par souffler, « T’es venu me chercher et tu m’as ramené chez toi alors que depuis le début j’ai été horrible avec toi… Tu laisses des gens rentrer dans ta vie et t’as une vision de l’amour qui me dépassera encore… Si t’étais vraiment comme j’ai pu te le dire, tu n’aurais certainement pas bougé, tu serais réellement seul et tu ne serais amoureux comme un ado débile. » je parlais avec précaution, comme par peur de réellement dire quelque chose de travers, « Tu utilises pas le sexe toi au moins et je suppose qu’il est préférable d’être fidèle plutôt que se taper son psy et espérer pouvoir récupérer son ex. », ce n’était pas un secret, je le disais simplement, car quelque part c’était toujours vrai.

« J’étais bourré Will, ou en gueule de bois, ce que j’ai pu dire… Oui je t’ai détesté, je t’en voulais juste parce que je refusais de voir que tu t’éloignais et… Y’a aucune valeur dans ce qu’un Bougre bourré peu te dire, comme y’a aucune explication à comment c’était possible de détruire quelqu’un qu’on aime. », enfin il devait y en avoir, mais rien n’était fiable, rien n’était sur. Mes émotions étaient brute, pas nuancé, il avait été le premier avec qui j’étais sortie et j’avais perdu le contrôle et je le perdrais encore. « Je suis pas bon pour les conseils, j’ai pas d’amis je te rappelle et j’espère toujours que le désespoir te fasse finir à poil là maintenant. », on parlait pas de ça, c’était peut-être la première fois que ça arrivé, et il n’était pas question de Will, mais bien des gens en générale. « Quand on s’est rencontré tu cherchais le prince charmant. Tu avais une image en tête, tu t’imaginais attendre mes retours et avancer ensemble, se construire et se reconstruire ensemble. Ce mec c’est peut-être ton Will et il réussira à réparer la version lowcost de Aiden que t’es devenu. », même si dans un sens, je voulais qu’il ne fasse rien, qu’il se révèle décevant et qu’on puisse avoir une chance. Que je puisse vraiment me libérer et… J’avais besoin de plus de temps et en même temps la culpabilité n’avait jamais été aussi forte qu’aujourd’hui.

“Burn it down” Si ça lui fait un certain bien de parler enfin à quelqu’un de ce qui se trame dans sa tête depuis des mois, on ne peut pas dire que Will se sente beaucoup mieux. Au moins, Aiden a la décence de le laisser parler tranquillement de ses petites peines de coeur sans essayer de passer à l’offensive. Ce n’est qu’un faible réconfort compte tenu du fait qu’à la fin, Will n’est pas plus avancé sur ce qu’il doit faire maintenant. Comment est-il censé oublier l’année qu’il a passé avec Aiden, prétendre que rien de ce que le soldat ne lui a dit ou fait n’avait le moindre rapport avec la réalité ? C’est facile de rationaliser les problèmes des autres, mais pour les siens, c’est une autre histoire. Et honnêtement, il fait à moitié une crise de panique quand Aiden ose dire qu’il est amoureux de Lane, alors clairement il n’est pas prêt de passer le cap et de tourner la page pour de bon. “Je suis pas non plus le mec le plus facile à vivre de cette planète.” souffle-t-il pour relativiser, car même s’il tient Aiden responsable pour une bonne partie de ce qui a cloché entre eux, il est bien conscient que son comportement a joué aussi. Ça le touche presque que le soldat essaye de minimiser son implication, de le rassurer d’une certaine manière, mais il ne peut décemment pas se laver les mains de tout ce qui est arrivé. “Je t’en ai trop demandé et je savais que t’étais pas prêt, mais… Je pensais qu’en forçant un peu, ça finirait par marcher.” Et c’est arrivé quelques fois, après tout. Quand il a dit au soldat qu’il l’aimait pour la première fois, par exemple. On ne peut pas dire que ce soit un très bon souvenir, rien de très romantique, au contraire. Rien n’a jamais été romantique entre eux, de toute façon et ça a toujours tellement frustré Will.

Un rire lui échappe alors que le soldat souligne que Will a toujours rêvé au prince charmant. Il ne pouvait pas mieux choisir ses mots, pas vrai ? “Prince Charmant.” souffle-t-il, presque rêveur. “C’est comme ça que je l’appelle, même si c’est censé être sarcastique.” Il regrette de l’avoir dit presque immédiatement. Peut-être que là, ça va un peu trop loin dans les confidences. Malheureusement, il n’a pas trop l’occasion de s’en soucier, parce qu’il commencer à s’inquiéter sérieusement du fait qu’Aiden puisse avoir raison, qu’il soit réellement amoureux de ce crétin de Charmant. Il le saurait, non ? On ne peut pas être amoureux de quelqu’un et ne pas s’en rendre compte sans que son ex ne vienne nous le dire ?! “Putain de merde.” Non, non, non. Il refuse, c’est mort, il n’est pas amoureux, juste paumé. “Ok, bon, oublie ma vie amoureuse pathétique ok, c’est carrément malsain de parler de son nouveau mec à son ex.” Il ferme les yeux, lâche un autre juron entre ses dents. “Je crois que je suis à deux doigts de me laisser tenter par tes avances pourries juste pour arrêter de parler.” C’était censé être une blague, mais franchement il trouve que son ton manque un peu trop d’humour.

Le bon côté, c’est peut-être qu’il a réussi à changer les idées du soldat. Ça fait au moins deux minutes qu’ils n’ont pas parlé de l’armée, un vrai exploit vu la tournure qu’était en train de prendre la soirée… “Tu trouves vraiment que je ressemble à une version low cost de toi ?” demande-t-il, dépité. Non pas qu’il ne trouve que des défauts au soldat, mais à la façon dont il dit ça, Will se sent de plus en plus paniqué. Est-ce qu’il est en train d’agir comme un crétin et de faire du mal à quelqu’un à qui il tient juste parce que… Parce que quoi, de toute façon ? Parce qu’il a peur ? “Je suis pas sûr d’avoir envie d’entendre la réponse à cette question, en fait. Peut-être qu’on devrait essayer de dormir. Dis-moi que tu te sens en état de dormir, pitié. Si je continue de parler, ça va devenir vraiment moche.” Comme si ça ne l’était pas déjà.

 

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Rejeter la faute ou la prendre ne serait définitivement pas constructif, certes il en avait trop attendu et trop vite, mais ça n’aurait pas changé grand chose à la suite. J’aurais eu besoin de temps et ma réaction n’était pas la plus à même d’être justifié par la raison. Il voulait un Prince Charmant et à ces mots il sembla réagir. Il appelait presque ce mec comme ça, bon c’était sarcastique, mais involontairement j’avais visé juste. Ok, c’était peut-être un peu trop de révélation d’un coup, savoir que ce Bougre avait déjà ce prénom… Je ne devais pas m’emporter. Vraiment pas, ça ne conduirait à rien, si ce n’est à une situation gênante au plus haut point. Ne réagissant donc pas, je prenais sur moi de me contrôler jusqu’à ce qu’il jure, me demandant d’oublier sa vie amoureuse pathétique car c’était malsain de parler de son nouveau mec à son ex. Pour le coup, si continuait à en parler pouvait le faire céder… Je ne serais pas contre continuer, vraiment. « T’admets que c’est ton nouveau mec déjà, y’a du progrés. » soufflais-je finalement, « Et vu comme ça, ca me dérange pas d’en parler. » ajoutais-je dans un rire un peu éteint.

Il demanda alors si je trouvais réellement qu’il ressemblait à une version low cost de moi. J’avais peut-être été un peu vache la dessus, mais c’était pourtant une réalité non. Il s’était lentement transformé en moi et même si contrairement à ce que j’étais devenu, il y avait de l’espoir, il n’avait pas sombré, pas autant que moi. Je n’eus toutefois pas le temps de répondre qu’il repoussait l’envie d’avoir la réponse. Il voulait essayer de dormir. « J’ai jamais parlé et c’est devenu vraiment moche. » soufflais-je alors en le regardant. Je savais de quoi je parlais, j’avais vraiment touché le fond, « T’es une version low cost à cause de moi, et ça concerne plus cette vision que tu as de toi, pas vraiment le reste. » ajoutais-je alors, lui répondant malgré tout.

« T’es pas une Bougre, t’es juste paumé, t’as prit la meilleur version de moi, sois en fier. », car moi je ne l’étais pas, vraiment pas. Je voyais tous les jours ce que ça donnait. Finalement j’avais bien fait de mettre le feu non ? J’avais l’impression qu’au moins, au travers de ma folie, il y avait une réalité que j’arrivais enfin à exprimer.

“Burn it down” Peut-être bien que ne pas parler n’est pas la solution, mais il en a assez dit, non ? Ca lui parait cruel de discuter de tout ce qui le perturbe avec Aiden et bien que Will ne soit certainement pas la meilleure personne de cette ville, il espère ne pas en être arrivé là. Il n’est pas sûr qu’il apprécierait tant que ça que le soldat lui parle ouvertement de ses histoires avec d’autres hommes, du moins pas si c’était sérieux. Et encore une fois, les lapsus s’enchaînent. Il n’y a rien de sérieux avec Lane. Il n’y a rien, fin de l’histoire. Est-ce qu’il peut accuser Aiden de l’état dans lequel il se trouve en ce moment ? Probablement que non. Un soupir lui échappe à cette pensée et il se laisse retomber dans le lit comme si le poids de la vie devenait trop lourd à porter. “C’est bon, t’en fais pas pour moi. Je vais m’en sortir et finir par trouver quelqu’un à qui parler. Ton psy, il prend de nouveaux clients ?” demande-t-il, dans une tentative pas très subtile de changer de sujet.

Même si, honnêtement, il n’a plus tellement envie de parler de quoi que ce soit. Et il le prouve en tirant sur le bras du soldat, pas très subtile dans sa tentative de lui faire comprendre qu’il est temps de dormir, cette fois. Pourtant, il ne se passe rien ensuite. Tellement rien que la main de Will reste posée là, sur le bras du soldat, tout comme ses yeux restent posés sur son visage. Cette soirée a commencé par un désagréable malaise, mais elle se termine étonnamment bien. Peut-être trop bien, allez savoir. Will trouve juste tout cela très… perturbant. Est-ce qu’ils sont en train de devenir vraiment amis ? Ce serait étrange. “Aiden ?” souffle-t-il, après de longues secondes à ne rien faire d’autre que d’observer fixement l’homme. Ce n’est pas tant qu’il veut tout foutre en l’air, c’est juste… C’est Will. Il ne supporte pas de se poser des questions, ne supporte pas ne pas tout savoir. Et Dieu sait que ces temps-ci, sa vie en est pleine. Il ne peut pas répondre à la plupart d’entre elles, pas tant qu’il ne veut pas connaître les réponses du moins. Ça le rend particulièrement dingue. D’autres, en revanche…

Il laisse un autre long silence s’installer, pèse le pour et le contre dans son crâne comme s’il doutait sérieusement devoir poser la question. Ou plutôt, comme s’il ne savait pas déjà que, même en sachant que c’est une mauvaise idée, il va le faire. “Est-ce que tu m’aimes encore ?” Il a le droit de savoir, non ? La dernière fois qu’ils se sont parlés, Aiden le lui a dit clairement. La conversation était pesante aussi. Elle ne l’est plus, là. Alors peut-être que c’est possible, peut-être qu’ils peuvent… tourner la page ?

 

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Il s’en sortirait, je n’avais pas à m’en faire pour lui, il devait juste trouver quelqu’un à qui parler et il semblait vouloir parler de mon psy. Je doutais que ce soit une bonne idée de se présenter face à l’homme que je me tapais et qui voulait m’aider. Qui connaissait ma folie. « Je peux lui demander. » soufflais-je alors que le silence retombait. Je n’aurais donc pas le droit à plus, à une tentation. Du moins je le crus jusqu’à ce qu’il ne souffle mon prénom après avoir passé sa main sur mon bras pour me tirer vers le lit, pour retrouver notre position initiale. En silence, je l’observais me regarder, me demandant bien ce qu’il pouvait penser, me demandant bien comment on en était arrivé là. Et puis il y eut cette question. Est-ce que je l’aimais encore ? Il en doutait ? J’avais l’impression de n’avoir eu de cesse de le dire, de lui expliquer que je l’aimais. « Oui. », soufflais-je en espérant sincèrement que tout ça ne soit qu’une illusion. Ou justement.

Avais-je le droit d’espérer ? M’avançant vers lui, je posais ma main contre son torse, je dérapais, je déraperais toujours avec lui, à son contact. « C’est la seule certitude que j’avais et que j’ai encore. », l’aimais à en devenir fou, à manipuler le monde, même mon esprit. Je n’avais eu de cesse de me persuadé que j’avais des chances, qu’il ne pouvait pas, qu’il ne devait pas me tourner le dos. C’était injuste, injuste de se faire abandonner quand on commençait seulement à changer, quand on commençait à aimer, à se libérer. Mais replonger, s’écrouler… Je n’avais pas le droit, je ne pouvais pas. Il reculerait, il fuirait. « Pourquoi j’aurais arrêté ? », demandais-je finalement. Avais-je ne serais-ce qu’une seule raison de le faire ?

Aucune, et je me détestais à cet instant, j’haissais le fait de replonger, d’espérer qu’il puisse revenir à moi. Mais son regard, ses yeux, c’était comme cette main qui refusait de lâcher mon bras, cette chaleur qui passait toujours dans ma peau, dans mon sang. Il venait de rallumer un feu, celui qui me poussait à tout pour essayer de le récupérer. Il devait revenir, je... Je ne pouvais vraiment pas abandonner, je ne pouvais vraiment pas...

“Burn it down” Inutile de prétendre que la question de Will est innocente. Ses yeux restent braqués sur Aiden après l’avoir posée et c’est à peine s’il ose respirer. Pourtant, il sait déjà ce que le soldat va dire. Il n’a pas vraiment d’explication à ça, c’est juste… Il le sent, dans la tension qui s’installe entre eux rapidement et qui fait pourtant l’effet de se dérouler à l’infini. Il le sait et trouve quand même le moyen d’être surpris quand le soldat l’admet, d’un simple oui franc et sincère. Pour toute réaction, Will se mord la lèvre, mais ce n’est que quand le soldat s’approche et le touche à son tour qu’il réalise qu’il espérait vraiment entendre un non. Si Aiden avait dit non… Il n’aurait même pas cherché à savoir si c’était vrai ou pas. Là… Il n’a pas d’excuse. Il est piégé. Étrangement, ça ne l’arrête pas et la main jusqu’alors posée sur le bras du soldat glisse lentement jusqu’à son visage.

Pourquoi Aiden aurait arrêté de l’aimer ? Excellente question, la réponse est même assez facile et Will n’hésite pas, ne réfléchit pas non plus. Il n’est pas sûr de ce qu’il essaye de faire, mais ça n’implique visiblement pas de mentir parce que la vérité lui échappe presque immédiatement. “Parce que ce serait beaucoup plus simple.” Il n’a pas vraiment besoin de dire en quoi ce serait plus simple, la réponse est plutôt évidente, là. Alors pourquoi est-ce qu’il continue ? “Parce que j’ai envie de faire quelque chose de vraiment stupide et que ce serait beaucoup moins grave si t’avais tourné la page aussi.”

Dire que quelques secondes plus tôt, à peine, il se félicitait de ne pas être devenu bêtement cruel. Au moins, il se montre honnête : les sentiments du soldat ne sont pas réciproques. Ce dont il est en train de parler n’a rien à voir avec ça. Et il ne bouge pas, laisse le soldat décider en quelques sortes. S’il n’est pas celui qui commet cette erreur, ça fait de lui quelqu’un de beaucoup moins affreux, non ? Il pourrait profiter de la situation, dire à Aiden ce qu’il veut entendre et obtenir ce qu’il veut en claquant des doigts. Il arrive miraculeusement à s’en empêcher.

 

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Une tension revient, presque invisible, palpable uniquement par nous. Cette déclaration n’avait pas été sans conséquences, du moins pas pour moi, car il ne me repoussa pas, il laissa ma main sur lui, il alla même jusqu’à remonter la sienne jusqu’à mon visage, jusqu’a souffler, dire que ca serait beaucoup plus simple car la chose stupide qu’il avait envie de faire serait beaucoup moins grave si j’avais tourné la page. Et si ça l’était pas quel serait le problème ? À choisir il voulait faire quelque chose de stupide avec moi, je m’en fichais, je n’avais pas besoin d’en penser plus. Je faisais peut-être une erreur, il parlait peut-être d’autre chose, mais, cette tension…

Silencieusement, je glissais ma main sur ses flancs, me penchant vers lui, cessant de penser à combien cela serait stupide, à combien cela pourrait l’éloigner définitivement, je ne pensais qu’à une chose. Au fait que je l’aimais toujours, que rien n’avais changé, que tout était possible et que peut-être qu’au final, il n’aurait pas aussi tourné la page et que tout pourrait rentrer parfaitement dans l’ordre. Je m’en fichais de savoir combien cela serait impossible, de quels dégâts cela pourrait provoquer, je voulais juste combler ce trou béant qu’il y avait dans ma poitrine depuis son départ. Je… Je ne pouvais pas rejeter ne serait-ce qu’une chance de me ressentir de nouveau vivant. Je ne pouvais pas, je ne pouvais définitivement pas.

Alors une fois penché sur lui, sans vraiment attendre, sans même prendre en compte la douleur de ces brulures, je l’embrassais juste. Du moins dans un premier temps et ce jusqu’à ce que ma main ne tire sa hanche vers moi. Je m’en fichais clairement de tout là. Je voulais renouer un contact, je voulais clairement passer au dessus de tout ce que l’on pourrait dire. Il avait envie de faire quelque chose de stupide, je l’avais fait à sa place, il n’avait qu’à se laisser porter, il n’aurait qu’à se laisser porter et je l’espère, se rappeler que nous avions été quelque chose, certes cela ne fut pas assez, pas suffisant pour qu’il reste, pour qu’on soit encore aujourd’hui ensemble, mais là… Je ne pouvais pas imaginer tout seul non ? Je ne pouvais pas me faire de film à ce point. Cette tension n’ayant eu de cesse de grandir on l’avait déjà connu, elle était là et… Rien que le fait de l’embrasser, de l’attirer contre moi, d’augmenter peu à peu le contact de sa peau contre la mienne ne faisait que faire grandir cette certitude. J’étais vivant contre lui, avec lui.

“Burn it down” La culpabilité est là, pesante, mais tellement facile à oublier. Il a dit toute la vérité : ce qu’il veut, ce qu’il se refuse à promettre. Ce n’est pas un retour en arrière, pas un pardon non plus. Seulement une rechute passagère, poussée par le manque qui s’installe lentement depuis des mois, par sa vie amoureuse désastreuse, par la tension sexuelle toujours présente et évidente entre eux. Même ça, ça ne veut rien, pas pour Will en tout cas. Il a couché avec tellement de types dont il n’avait rien à faire. Il voudrait presque qu’un doute persiste, qu’il puisse plus ou moins se justifier en disant que quelques sentiments s’attardent, mais… Ce soir, plus que jamais après cette conversation avec Aiden, il sait où est son coeur et ce n’est pas dans cet appartement. Les yeux bleus qui le hantent la nuit ne sont pas ceux du soldat et les lèvres qu’il rêve de sentir sur les siennes non plus. Quand Aiden se penche sur lui pour l’embrasser, il se demande même si ce n’est pas un peu pour ça qu’il le fait. Parce que c’est tellement plus simple, seulement physique, qu’il ne risque pas de souffrir.

Qu’importe la raison derrière tout ça, c’est un problème qu’il aura tout le temps d’étudier en profondeur plus tard. Pour l’instant, il se laisse doucement emporter par ce désastre. Son corps glisse contre celui du soldat presque trop facilement tant il le connaît par coeur. C’est comme s’ils ne s’étaient jamais quittés, d’autant plus que les blessures d’Aiden forcent Will à faire preuve d’une certaine douceur qu’on pourrait facilement confondre avec de la tendresse. C’est presque frustrant, d’ailleurs, il a du mal à réfréner ses ardeurs alors qu’il essaye de retirer ses vêtements au soldat sans lui faire plus de mal, ou quand ses lèvres arpentent le corps de l’homme en évitant soigneusement les zones sinistrées. Il se force pourtant à prendre son temps, attire lentement Aiden dans les abysses en couvrant son corps d’attentions, pas seulement parce qu’il craint de lui faire mal, mais aussi parce que, d’une certaine manière, il essaye de se convaincre que ce sera la dernière fois. Et autant qu’ils en gardent un bon souvenir, non ? Que ce soit des adieux à la hauteur de ce qu’a pu être leur relation, passionnée et lascive, à défaut d’autre chose de plus durable.

La torture s’étire quelques longues minutes avant que ce ne soit trop pour Will. Quand ses lèvres retrouvent celles du soldat, il y met fin en imposant l’homme à lui d’un mouvement de bassin presque trop avide qui lui arrache un soupir. Ça n’en a peut-être pas l’air pour le commun des mortels, mais pour Will, c’est la fin d’une éternité d’abstinence qui n’a que trop tardé. Il se force quand même à rester tranquille, profite d’avoir le contrôle pour imposer un rythme d’une langueur presque insoutenable. Ils ont rarement - jamais - partagé une étreinte aussi calme. Ça le rend fou, mais c’est incroyable, comme ça l’a toujours été avec Aiden. Le sexe est bien la seule chose sur laquelle ils se sont toujours entendus, dommage que ça ne suffise pas à construire une relation stable. Dommage, aussi, que ça s’arrête presque trop vite au goût de Will qui retombe, épuisé, dans les bras du soldat après quelques minutes douloureusement intenses qui le laissent essoufflé et extatique.

 

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Il pouvait me repousser, fuir, à chaque instant, il pouvait me rejeter mais il n’en fit rien, il me laissa faire, puis répondit avant d’allumer définitivement un brasier. Il faisait attention, malgré tout ce qu’il aurait pu faire, même involontairement pour me blesser, il ne fit rien et pas un instant la douleur vient briser ce moment. C’était parfait, intense malgré la lenteur. Nous ne nous étions jamais oubliés, jamais. Nos corps se répondaient comme des désespérés en pleine mer. Ils étaient fait pour ça, ils l’avaient toujours été, même lorsqu’il poussa un peu plus loin, nous unissant dans une danse que l’on connaissait par cœur et qui pourtant transcendait chaque cellule de mon corps.

Épuisé, légèrement tremblant et transpirant, l’extase me frappa, dopant mon corps d’un shoot de plaisir qui endormie chaque millimètre de mes blessures. Il n’y avait jamais rien à redire la dessus, jamais rien à refaire, je le gardais contre moi, silencieux, laissant mon esprit divaguer et se convaincre qu’il avait eu raison depuis le début. Il y avait toujours quelque chose, il avait beau en aimer un autre, il y avait des choses qui ne mentaient pas, comme ici, maintenant ou encore une fois le désespoir l’avait fait tomber dans mes bras et je savais mieux que tout le monde que le désespoir ne nous quittait jamais vraiment. Il y aurait des moments et je serais là… Désespérément accroché au passé, cherchant éternellement à le faire revenir. J’étais.. Définitivement pathétique, j’espérais le malheur de quelqu’un pour mon bonheur, j’espérais sincèrement qu’il soit heureux, mais finalement j’espérais que comme aujourd’hui, rien ne le retienne de me céder. L’aimer, continuer à le faire alors qu’il semblait avoir réellement tourné la page était cruel. Cruel pour lui, mais aussi pour moi. Pourquoi n’avais-je pas réalisé plus de choses avant, pourquoi avais-je surtout refusé l’évidence, celle que j’avais eu besoin de lui.

Silencieux, mon bras autour de ses épaules pour le garder contre moi, je tournais la tête pour embrasser son crâne, pour me laisser aller à ses gestes que j’avais fini par avoir avec lui, mais trop tard. Ce retour en arrière réussirait presque à me gâcher ce qu’on venait de faire à deux. Je dis bien presque car j’étais encore sur ce nuage de plaisir que rien ni personne ne pourrait briser. Du moins aujourd’hui. Du moins si Will n’avait pas un cas de conscience.

Je ne voulais rien dire, rien brisé à ce moment, j’espérais qu’il en vienne presque à oublier son con avec qui il n’avait rien fait, avec qui il voulait… Je n’avais pas le droit de basculer, je devais me reprendre et espérer garder mon calme, mon esprit. Même si cela en réclamait beaucoup trop. Le chaos était de nouveau présent, les mots que je voulais lui dire au bord des lèvres et pourtant rien ne sorta, comme si la peur de le perdre avait définitivement eu raison de moi.