22 Décembre.

J’ai posé ma journée en ce Mardi, mais j’ai quand même mis un réveil à huit heures. Quand j’ouvre les yeux, Shanna est encore profondément endormie, dos à moi, ses longs cheveux bruns éparpillés sur l’oreiller blanc. Comme toujours, je ne l’entends pas respirer. Au début c’était flippant… Maintenant, j’en ai plus ou moins l’habitude, même si je ne peux m’empêcher de vérifier un quelconque mouvement de sa part… Le réveil sonne.

Elle grogne.

C’est bon, elle vit encore. Je me tourne pour éteindre la sonnerie agaçante du réveil, et m’en viens me coller à elle, posant une main sur une hanche, tandis que j’embrasse doucement son cou, de la base de sa mâchoire fine, jusqu’au bout de son épaule. Comme chaque matin, j’ai une gaule d’un autre monde. Mais nous n’avons pas franchement le temps à vrai dire… Sauf si elle insiste. C’est qu’aujourd’hui est un jour spécial. Bien que nous ne soyons que le 22, madame De Lemos va recevoir son cadeau de Noël aujourd’hui. J’aurais pu négocier pour aller le chercher le 24, mais… Nous sommes invités chez belle-maman adorée. Et… tout le monde sait que c’est important d’arriver à l’heure et avec le sourire, n’est-ce pas ?

Conneries.

Je me serais bien passé d’un énième repas de famille, mais Shanna y tiens. Alors on y va. Je vais encore avoir des envies de meurtres ce soir là. La dinde va trôner sur la table (je parle bien évidemment de l’animal et pas de la belle-mère… Ce serait drôle mais elle a visiblement, au contraire de sa fille, un énorme balai coincé dans le fion…), le champagne va couler à flots, les gosses vont courir partout en braillant jusqu’à ouvrir leurs putain de cadeaux… Saleté de mômes. J’ai jamais eu le tiers de tout ce qu’ils ont aujourd’hui…. Et pourtant j’en ai pas été plus malheureux. Enfin bref.

« Bébé… J’vais faire couler la douche. Lèves toi vite, on ne doit pas être en retard. »

J’embrasse sa joue, ses lèvres lorsqu’elle se tourne vers moi pour se blottir dans mes bras en soupirant. Elle n’a même pas les yeux ouverts. Elle ne sait pas ce que je compte lui offrir. J’ai écumé des centaines de sites internet pour trouver des idées… Et puis finalement ça m’est venu d’un coup… Madame est une amie des bêtes. Au début elle avait peur d’Aston, mon Cane-Corso et maintenant, elle s’en occupe bien plus que moi, le bichonnant comme l’enfant que nous n’avons pas… Et je peux vous dire que le molosse y prend un certain plaisir. Alors j’ai décidé de lui offrir son propre chien. Un qui pourrait rester dans la maison H24, un qu’elle pourrait emmener partout avec elle, et a qui elle pourrait acheter des tas de colliers en strass… Bref un chien de femme quoi. Parce que c’est pas pour dire, mais Aston, c’est un pépère qui aime bien rester dehors aussi, qui aime bien se salir, et se balader sans collier. Avec Shanna, il a droit au collier rouge avec des pointes. Stylé.

J’ai du mener mon enquête pendant un petit moment pour savoir ce qu’elle préfèrerait. Mais comme toute femme, elle semble indécise sur le sujet, alors je me suis rencardé par moi même, et j’ai trouvé un petit élevage familial à deux heures de route de chez nous. Ce sera un shiba-inu. Je sais d’avance qu’elle craquera sur la bouille de peluche des bestiaux. Elle n’aura plus qu’à faire son choix, l’animal est déjà payé et nous avons rendez vous à 11h15 avec l’éleveuse.

« Allez, femme. Lèves toi. »

Je claque ses jolies fesses avant de repousser rapidement la couette de nos corps, me lavant d’un bond du lit pour rejoindre la salle de bain. J’ai la tête du gars qui n’a visiblement pas bien dormi. Je crois que c’est le cas depuis un bon moment : que je l’admette ou non, ma relation avec Carter me ronge les sangs. J’y pense très souvent. Parfois j’en suis content, parfois je culpabilise à mort… Et ce matin, je culpabilise. Un peu trop. Quand je culpabilise, je suis du genre à tout céder à Shanna dans la journée. Sortir la carte bleue à tour de bras, l’emmener où elle veut… Bref. Aujourd’hui je serais en mode canard, même si c’est pas franchement mon style.

Ressaisis toi, Juan , hijo de puta.

Mais quand j’me regarde j’vois juste un putain de lâche et un menteur. Douche. Faut que je file à la douche. Je ne me fais pas prier et me glisse donc sous l’eau chaude. Ca fait du bien quand même… Au corps et à l’esprit.

« Shanna ! Bouges toi le cul, j’t’ai dis qu’on devait pas être en retard ! »

Je viens de gueuler ça comme un veau, tout en me savonnant. Je sais comme elle est longue à se préparer… Et je déteste être à la bourre.