Les cartons enfin montés jusqu'à l'appartement je fais une rapide estimation. Bien que je ne sache plus où donner de la tête face à tant d'affaires j'essaie de calculer le temps que ma douce et moi mettrons à tout défaire. Je me gratte la nuque, un peu perturbé. Je ne me rappelais pas avoir autant d'affaires et beaucoup de cartons ne proviennent pas de mon ancien logement. Le doute s'installe un léger instant. Allons-nous réussir à tout placer ? Nous avons certes quelques meubles déjà mais le risque de continuer à vivre au milieu de cet epais papier est bien grand. Je souris quand les yeux croisent celles de la plus belle femme que je n'ai jamais vue. Ma fiancée. Sierra me sourit, un peu gênée. Bien sûr que ce sont ses affaires. Je m'approche d'un carton au pif et commence à les déballée, m'accroupissant au sol afin de maximusee le potentiel port de poids. J'ai beau avoir une certaine réputation qui me précède je sais tout de même être un gentleman. Sierra et moi commençons donc à déballer tout ça, carton après carton, et rangeons ce que nous pouvons ranger. Cependant, au bout d'une petite heure, mon estomac crie déjà famine et nous l'entendons tous deux. Ouh! Je crois que j'ai faim. Tu veux qu'on commande quelque chose?

Je ne désespère pas de cette vie à deux qui nous tend si désespérément les mains. C'est juste une impression bizarre, moi qui ne me croyais pas capable de n'aimer qu'une seule femme, de l'aimer si profondément. Pourtant Sierra m'a prouvé que je me trompais. Même si voir tous ces cartons qui lui appartiennent ça ne m'aide pas à ne pas paniquer. Je suis tout sauf confiant en me demandant où leur contenu va finir. Mais pour l'instant c'est autre chose qui me préoccupe. Mon estomac n'a pas pour habitude de crier famille. D'abord parce que je n'ai jamais manqué de rien et ensuite parce que j'ai un estomac si grand que je passe généralement ma journée à grignoter. Et là je n'ai rien avalé depuis le matin même au vu du travail gargantuesque que nous avons abattu. Le rire de Sierra me réchauffe le cœur. Comme d'habitude. Elle a un véritable effet apaisant sur moi. Ma potion magique. Mais j'ai toujours faim quand même. Parfait. Je te laisse choisir la garniture ?

Au tout début, c'était moi qui avais des réticences à m'engager. Et quand je me suis enfin lancé, j'avais bien remarqué le peu d'enthousiasme de Sierra. Si ça m'a d'abord fait étrange, elle qui était si investie dans notre relation, j'ai enfin essayé de comprendre et accepté. Après tout, avec mon passif, comment une aussi jolie femme, bourrée de qualités, pouvait-elle me faire confiance à ce point ? Si elle n'a pas hésité à me dire "Oui" pour lier sa vie à la mienne, l'emménagement n'est qu'une suite logique de tout ça. Même moi qui n'étais pas le genre traditionnel comme homme, j'en avais pourtant bien fait mon crédo. Comme quoi l'éducation de nos parents reste toujours au moins un peu. Devant tout ces cartons, c'est un petit peu la panique et par conséquent, tout et n'importe quoi me préoccupe. Mais l'idée alléchante d'une pizza me donne l'effet d'une récompense à l'image d'un petit chien qui n'attend que ça. Aussi dégradante puisse être cette image, c'est exactement ça sur l'instant présent. Ca marche. Avec beaucoup d'olives, s'il te plaît, petit coeur. Avec Sierra, ce n'est pas bien difficile de s'entendre. Elle raffole des pizzas au fromage et moi des olives qui sont sur les pizzas. Nous nous complétons assez, niveau goûts. Je lui rend son baiser lorsqu'elle vient m'embrasser. C'est fou, ce petit bout de femme, je l'aime comme jamais je n'ai aimé. Et rien qu'un baiser d'elle me comble de bonheur.