Cela fait un moment qu'elle connait Mael, à présent, et c'était pourtant la première fois qu'elle l'avait réellement invité à faire quelque chose chez elle. Généralement ils se parlaient à l'université, allaient squatter à la bibliothèque. De temps en temps, ils s'octroyaient même une petite sortie dans un café, dont son favori tenu par Noah, où ils parlent de bouquin pendant des heures. Mais lui montrer son appartement, là où elle vit, le bordel de sa chambre ? C'était une première, et sincèrement, Maiwenn n'était pas trop rassurée. Déjà, elle avait réussi à virer tous ses colocs, qui étaient en mode "ouuuuh May elle va faire des choses !" tandis qu'elle virait rouge tomate, et elle avait trouvé sa tenue de Noël. Car oui, elle l'avait invité pour fêter un peu Noël à l'avance, entre eux. Et oui, elle lui avait fait un cadeau ! C'était même pour ça qu'elle lui avait proposé ça. Pour pas qu'elle avoue que direct quand elle a vu son cadeau, elle a pensé à lui et n'a pas pu s'empêcher de l'acheter... Bref.

Habillée d'un pull rouge avec une jupe rouge, entrecoupée par des lignes blanches, elle porte même un bonnet de Noël ─bien que vu sa taille, elle devrait plutôt être un lutin─, elle surveille la cuisson de ses magnifiques cookies de Noël qui ont des formes différentes, qu'elle a préparé avec tant d'amour et de stress. Une fois qu'elle entend son minuteur qui lui dit que la cuisson est finie, elle ouvre le four, manque d'étouffer ─elle n'apprendra jamais la leçon─, sort sa précieuse fournée qu'elle met à table, légèrement décorée, avec le reste des quelques apéritifs. Elle essayait de ne pas trop en faire, mais l'asiatique ne pouvait pas se contenter du simple minimum, trop perfectionniste pour ça.

Puis, soudainement, elle entend quelqu'un qui sonne. Elle sursaute, trop prise dans ses réflexions, et se dépêche d'appuyer sur le bouton pour lui ouvrir la porte d'entrée, et elle ouvre celle de leur appartement, attendant son ami à l'entrée, avec un sourire. Mais ce serait mentir de dire que son cœur ne s'emballe pas quand elle peut apercevoir Mael qui monte les escaliers, et quand il se rapproche d'elle, c'est comme si son souffle était coupé.

-Hey, murmure-t-elle avec un sourire un peu bête. Hum, je t'en prie, tu peux rentrer ! qu'elle dit en se poussant pour lui laisser prendre place chez elle, lui montrant directement le salon. Si tu veux te réchauffer, mes biscuits viennent tout juste de sortir du four ! Et je peux toujours te faire une boisson chaude si jamais, propose-t-elle avec un grand sourire en le rejoignant. J'espère que tu as fait ce que je t'ai demandé ?

C'est-à-dire, mettre un pull de Noël, même s'il est moche, elle rêvait de le voir ainsi. Puis elle aussi, elle a fait l'effort ! Bien que sa tenue passe certainement mieux.

« UN PULL DE NOEL ! Elle m'a dit de mettre un pull de Noël... » Hurle-t-il à son frère jumeau, totalement paniqué. Comme s'il avait ça quelque part dans son armoire. C'était une vraie blague, quand même ! Son frère se moquait de lui : et il avait de quoi. C'était vraiment mal barré pour lui, ce noël improvisé. Ça commençait vraiment très mal. Comme averti par les cris, sont beau père entra dans la pièce, et haussa un sourcil devant le mal-être de son beau-fils capricieux. Et en quelques secondes après que leurs regards ne se soient croisés, les voilà tous les deux partis chercher le fameux pull de Noel en ville, sous les rires détestables de son frère. Bon sang, ils avaient beau être jumeaux, ils étaient si différents que c'était parfois compliqué d'avoir un terrain d'entente. Et c'était pas comme si Mael lui simplifiait la tache, à son frère.
Dans la voiture, le silence était à son comble, le front et le nez de Mael, collé à la vitre, tandis que son poing venait soutenir sa joue droite. « Tu ne penses pas que tu surréagis ? » lui demanda son beau père, avant d'entendre le jeune homme soupirer, et surement d'abandonner à partir de là. « Un pull de noel.. » bougonnait Mael, tandis qu'ils arrivaient..

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Ils l'avaient déposés alors qu'ils allaient faire le marché de Noël. Mael savait se débrouiller, sa famille avait cette fâcheuse tendance pour l'oublier. Certes, il n'avait plus de voiture, mais il y avait toujours moyen pour se déplacer. Même s'il fallait le faire en trottinette, du moment que sa famille ne rentrait pas dans la ligne de mire. Mais c'était désormais chose faite.
Une fois descendu, il attendit qu'ils ne partent, avant de s'avancer sur le perron, et de sonner à la porte de l'appartement. Bien emmitouflé dans sa doudoune, son écharpe et son bonnet, il pouvait attendre un moment sans avoir froid. Mais il était bien content quand Maiwenn ouvrit finalement la porte. « Salut. » lui souffla-t-il, sobrement, surement trop, tandis qu'elle lui ouvrait la porte. Il entra, en regardant distraitement autour de lui, avant d'enlever son bonnet, et de le poser sur ce qui semblait être un tabouret haut. « Je veux bien du lait chaud, si tu as.. » Pas casse pied, le garçon, surtout. Il renifla l'odeur de ses biscuits, et finalement, se laissa aller à un petit sourire en coin. « ça sent bon. Je suis étonné que tu les manges pas cru ni que tu les aies pas laissés cramer. » la taquina-t-il, avant de retirer son écharpe, puis de descendre le zip de sa doudoune, en roulant des yeux. « Oui, je l'ai fait. » Il baissa les yeux, presque honteux. Finalement, il y avait bien quelqu'un qui avait réussi à lui faire mettre un pull vert et rouge, avec des rennes de partout, des textures bizarres et différentes, un vrai fouilli. Et il avait fallu que ce ne soit la fille de la bibliothèque. Qu'il connaissait mieux. Qu'est-ce qu'il aurait pas fait pour elle.. Il sortit de son sac une petite boite emballée par ses soins, soit pas très soigneusement, qui contenait un petit bracelet péruvien accompagné d'un jonc en fer avec une petite ancre sur l'avant. Et finalement, il osa enfin, et la lui tendit. « Joyeux anniversaire, Bugs Bunny. » Surnom qui lui venait uniquement de son amour pour les carottes. Il était content d'être là, Mael, pour une fois. Voir des gens, finalement, c'était pas si terrible. Surtout si c'était Maiwenn.

Dans le fond, il n'était pas sûr ni d'être capable de pardonner à Maiwenn l'affront qu'elle lui faisait de lui faire acheter un pull de Noel, ni même de lui en vouloir vraiment. C'était étrange, comme dualité d'impressions. Mais il était frustré parce que, outre devoir acheter une de ces horreurs de pull, il savait pertinemment bien qu'il allait devoir le porter, et c'était sûrement le plus difficile à vivre. Il avait soupiré en arrivant chez elle, descendant de la voiture sans aucun regard en arrière envers cette famille qui ne l'avait pas même soutenu dans l'adversité. Personne n'avait essayé de le rassurer sur le fait qu'il s'en sortirait.. Ou que si ça n'était pas le cas, ils seraient là à penser à lui. Non. Personne. Famille intolérante et ingrate ! D'autant qu'ils s'étaient tous moqué de l'affreux pull qu'il portait.
« Un pull de noel.. » avait-il pesté de nouveau devant la porte, avant d'entrer, et de parler un peu avec Mai'. Cette fille, ou du moins, la rencontre avec cette fille avait été un peu particulière. Elle était un véritable boucan avec ses carottes crues, et ils s'étaient disputés à cause du bruit qu'elle faisait.. Mais pas que. Et finalement, par un hasard qui échappait à toute règle, ils avaient réussi à s'entendre, et même à devenir amis. C'était une première pour Mael d'avoir un vrai ami. Enfin, une vraie amie, pour le coup. Il avait quelques copains, mais il s'était toujours senti faire tâche dans la bande. Et puis, en dehors des cours, ils ne se parlaient pas plus que de raison. Le roi de la cantine, c'était plutôt son frère... Et encore.

Il avait essayé de faire une petite vanne sur ses carottes crues, et avait arqué un sourcil devant la réaction de la fille Hemmings. « De toute façon, j'aurais douté de la sincérité d'un compliment sur cet affreux Pull. Rappelle moi pourquoi t'as voulu que j'en porte un, déjà ? » demanda-t-il loin de rire, la mine particulièrement boudeuse. Mais très vite il avait eu la réponse, dans ses souvenirs mais aussi devant ses yeux, en réalisant que Maiwenn portait le sien, ce qui était la mission à remplir pour cette rencontre. Il avait presque failli l'oublier, l'espace d'un court instant.

Il s'était assis sur une des chaises, et l'avait gratifiée d'un « Merci beaucoup » quand elle lui avait donné son chocolat, tandis qu'il lui avait donné son cadeau. Il espérait qu'il lui plairait, tout de même, parce qu'il avait mis du coeur à l'ouvrage pour choisir, si bien que la demoiselle de la vente lui avait demandé si c'était pour sa petite amie - ce qu'il avait réfuté quasiment immédiatement. Non, Maiwenn, c'était une amie avant tout... n'est-ce pas ?
Elle lui avait aussi offert un petit cadeau qui, contrairement à ce qu'elle avait l'air de penser en se justifiant lui donna la plus grande sensation de joie de recevoir un cadeau. Enfin quelqu'un dans sa vie avait cherché quelque chose qui pourrait vraiment lui être utile, plutôt qu'un bracelet montre qu'il ne mettait pas, surtout par peur de le casser.. Il avait beau adorer son beau père, il ne pouvait pas s'empêcher de garder jalousement le bracelet montre hors de son bras, dans la petite boite qui le protégeait.  « Ils sont géniaux » dit-il avec un très large sourire. Non, vraiment, c'était beaucoup par rapport à ce qu'il imaginait. Et finalement, il était très content d'être arrivé ici.

Il prit un biscuit, et plissa les yeux. « Bon, je me lance. Si je meurs après ça, dit à ma famille que je les aime, surtout. » plaisanta-t-il, avant de croquer un bon bout de biscuit pour y goûter.

Passer du temps avec Mai, c'était devenu la plus belle chose de ces derniers jours. Il aimait sa famille plus que tout, c'était pas le problème. Mais voir cette fille, c'était.. Différent. Pourtant, tout n'avait pas particulièrement bien démarré entre eux. Et il était sûr que ceux qui avait remarqué le petit manège de leur rencontre n'auraient jamais parié qu'ils pourraient devenir amis. Et qu'ils pourraient s'échanger des cadeaux de noël. « Qu.. KEWA ? Je peux pas l'enlever ? » mais il avait l'impression que ça le grattait, que ça lui brûlait la peau. Evidemment, c'était dans sa tête et uniquement parce qu'il détestait tout ça. Mais quand meme, bordel. il aurait bien aimé être consulté avant cette règle ! Mais bon, Maiwenn avait très souvent le dernier mot, et son frère lui aurait très certainement fait remarquer qu'il jouait à la carpette, avec elle. Mais soit, chacun fait ce qu'il veut, bon sang !

Il était content des cadeaux qu'elle lui offrait, et il espérait sincèrement que ses deux petits bracelets lui plairaient aussi. Il n'avait pas eu beaucoup de facilité à trouver ce qui lui ferait plaisir, et ce qu'il voulait vraiment lui offrir, mais une fois que c'était fait, c'était tout nickel. Il fit une moue, et répondit, un peu vanné qu'elle ait raison : «J'avoue. et si mettre un pull de noel permet de passer un peu de temps ensemble, je pourrais éventuellement en remettre un.» Il lui offrit un sourire un peu faiblard, avant de reprendre. «Ouais, c'est ça.» dit-il, ponctué par des toussotements de rire, qu'il laissa aller pour faire croire qu'il s'étouffait. Il mit sa main sur son front, d'un air dramatique. «t'as voulu me tuer, j'en suis sûr.» reprit-il avant d'éclater honnêtement de rire. «En vrai, c'est très bon.»

Il lui donna un léger coup de coude, avec un sourire farceur. «Allez, arrête de bouder ! Tu sais ce qu'on dit : qui aime bien châtie bien. Je t'aime bien, Hemmings.» Il essaya de capter son attention par son regard, et essaya de reprendre son sérieux.

«Je sais pas.. J'espère ne pas être au rattrapage. Mais sinon, sûrement lire des bouquins, et venir toquer à ta porte pour que tu m'apprennes à faire des pâtisseries.» fit-il avec un sourire complice. «et toi alors ?»